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 Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton

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Rafael Volpe
Rafael Volpe
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MessageSujet: Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton   Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton EmptyLun 13 Avr - 0:59

Sauve-toi ou le pêcheur ?


Elle était belle, Ruby. De ses yeux au marron mielleux jusqu’à ses longs cheveux, tout en elle était à savourer. Ses vêtements d’un rouge profond glissaient sous les doigts lorsque je les enlevais, avec toujours le même son. Comme un susurrement au creux de l’oreille, sa robe tombait avec délice de son corps, laissant sa peau nue. Aussi lisse que le satin qu’elle venait d’abandonner, oh, qu’est-ce que je donnerais pour m’en faire un manteau. Un manteau de Ruby, de son parfum, de son odeur. Si mes mains parcouraient son corps chaud, j’aurai aimé ne sentir là qu’un épiderme froid. Que ses lascives cambrures ne bougent plus jamais, et que son visage au sourire si parfait se fige dans cette exacte expression. Ruby était aussi belle qu’une peinture, je suppose, le genre de chose que l’on regarde, observe et contemple en sachant qu’il y a là matière à être éblouit sans pour autant savoir pourquoi. Je n’ai jamais rien compris aux croûtes, et je ne comprendrais jamais rien aux femmes telles qu’elle ni à ce qu’on leur trouve. Brunes des pieds à la tête, si elles sont attirantes elles n’ont pas pour autant la grâce d’autres. Elles font juste partie du paysage, élément exotique parmi tant d’autre. Tout juste bonnes à être empaillées, si on n’a pas le budget pour les ramener, afin d’en faire un agréable souvenir.
Ruby était mon agréable souvenir. Le jour ou le Black Fortune ne s’arrêtera plus à Nassau, elle partira avec moi. Bien sûr, pas de femme à bord. Bien sûr, ce ne sera plus une femme. Plutôt, un corps de femme que je pourrais garder, ma peinture à moi à la beauté que jamais je ne pense saisir. Mon trophée, mon ultime chose volée.

Car Ruby n’était pas un tapin. Pour son mari, bien plus vieux qu’elle, les journées de sa dulcinée se résumaient qu’en couture et lecture, dans la pauvre maison en ruine qu’ils avaient. Avec lui, elle s’appelait Marie-Anne – mais pour tout le reste de l’île, elle était Ruby. Habillée et déshabillée entre les mains de nombreux étrangers, elle profitait de l’absence de son mari pour ramener de quoi s’acheter des bijoux. Ceux que nous les pirates ramenons – et ceux que son pêcheur de conjoint ne peut lui offrir. Moi, je la paye directement en bague, Marie-Anne, et pour cela, j’ai droit à une après-midi des plus douces.

Par doux, je n’entendais pas voir sa porte de chambre se faire défoncer. Dans l’auberge où je louais le temps de quelques heures ce nid à plaisirs, on m’avait garanti de ne pas être dérangé.. Mais pas de ne pas être la main dans le sec – où en l’occurrence, dans quelque chose d’autre. On ne m’avait pas prévenu que son mari, aussi vieux pouvait-il être, avait les muscles secs et solides d’un marin, suffisamment pour mettre à terre la porte au bois moisis. « MARIE-ANNE. » J’ai beau eu repoussé la belle pour me lever et m’échapper, on ne m’en a pas laissé le loisir pour à la place me frapper d’une poigne et d’un désir non caché. Le poing de l’homme est partit bien trop rapidement pour mon regard, mais mes pupilles virent distinctement les si longues jambes de Ruby s’enfuir avant que le même sort ne la frappe. Nouveau cou. Après ma joue, c’est ma mâchoire, qui elle tient bon et ne craque pas. « Elle m’a forcé, elle m’a supplié à- » Le cou de genoux atterrit dans mon estomac, me plie en deux, me vide, me cloue le bec avant de me clouer au sol. Le pêcheur se rue sur moi et me regarde reprendre mon souffle, de son regard noir et perçant, sans un mot, sans un nouveau cou. Juste assez de temps pour que je respire et lui fasse mon plus grand sourire, moi et ma lèvre fendue par son poing, saignante, ridicule. « Ecoutez, je sais que si vous êtes à Nassau alors que la nuit n’est même pas encore tombée, c’est parce que vous n’avez quasiment rien pêché.. » Sa main bouge et, instinctivement, je porte les mains à mon visage avant que je ne me rende compte qu’il va chercher quelque objet dans sa poche. En bas, j’entends la voix haut perché de Ruby et des pas précipités montent à l’étage, vers ma chambre.. « .. Alors je peux imaginer qu’après cette rude journée, voir sa bien-aimée se faire si bien traiter par une personne comme moi peut vous embêter, mais- » De sa main, serrée en poing, il sort une lame, qu’il déplie et me plante dans les côtes. Émoussée, ce n’est qu’en faisant glisser l’arme contre ma peau qu’il réussit à l’enfoncer de plus en plus profondément, tandis que mon sourire se crispe, se torde avant de se transformer en hurlement.

Les hommes sont montés et s’en sont emparés. Lui, Ruby, je ne sais pas ce qui s’est ou ce qui va se passer. Ma main se serrait contre ma chemise ensanglantée, moi qui me suis fait jeter de là où j’étais au lieu que l’on me soigne ou me prenne en pitié. Ma respiration est lourde, et chaque mouvement me fait mordre mes joues. Sans réfléchir, je me dirigeais vers le seul endroit où je ne risquais pas de coucher avec la mauvaise personne, énerver la mauvaise personne, où être la mauvaise personne à qui on a loué une chambre. Là-bas, je ne serais qu’un tas de chair à recoudre, sans âme ni personnalité – du moins était-ce le point de vue que ce Valentyne m’avait donné de son art sur les cadavres, à Londres, il fut un temps. Pour la médecine avec un grand M, il profanait les corps pour apprendre et comprendre. Allez savoir, lorsque je l’ai revu plusieurs mois plus tôt à Nassau, et à ma grande surprise, aucun commentaire n’a été fait quant à ce qu’il m’avait dit. Ni quant à ce qu’il avait fait. Le bougre avait peut-être arrêté d’être mon associé à Londres du jour au lendemain, mais il était toujours esclave de sa Médecine, maîtresse honteuse avec qui je l’ai aidé à coucher, souvenir sombre qu’il n’ose se remémorer. Qu’il m’apprécie ou non, il acceptera toujours de me soigner. Un certain serment, il paraît.

Une main lourde s’abat alors sur la porte. Une fois. Deux fois. Mon regard se porte autour de moi. Il fait nuit, et rester dans cet état loin du navire n’était pas une bonne idée. N’importe quelle personne comme moi profiterait d’une personne aussi faible pour la crever et la voler. Mon poing frappa de nouveau à la porte avec impatience avant que je ne dise « Valentyne, ouvrez ! ». Il n’avait pas le droit de me refuser, et si tel était le cas, je trouverai un moyen de passer la nuit en sécurité avant de revenir le lendemain lui parler de plus près. « Vous ne pouvez refuser un vieil ami ! »

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Payton Valentyne
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MessageSujet: Re: Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton   Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton EmptyLun 13 Avr - 20:16









"Sauve-toi
ou le pêcheur ?"




J'observe la flamme de la bougie. Je laisse échapper un profond soupir avant de passer doucement ma main au niveau de la flamme. Ma peau se frotte au feu, la brûlure me pique et ce n'est que quand cela devient trop douloureux que je retire ma main. J'observe la peau rougie par le feu et fronce les sourcils avant de me redresser. Je vais doucement plonger ma main dans la bassine d'eau froide posée sur la table et je laisse ma main là quelques instants tout en levant mon regard vers la fenêtre. Il fait nuit noire, je ne distingue aucune lumière à l'extérieur et pour cause puisque j'habite assez en retrait sans pour autant être trop éloignée. Mon père voulait un endroit à la fois proche et loin de l'agitation et il a trouvé l'endroit parfait, endroit qui m'appartient à présent mais pour combien de temps ? Combien de temps vais-je pouvoir garder cet endroit et l'appeler mien ? Quand viendra le jour où l'argent ne sera plus et que je ne pourrai plus subvenir à mes besoins, ne serai-je pas alors forcée de partir d'ici ? Bien sûr que si... Je serai forcée de laisser cette maison, forcée d'aller ailleurs, forcée d'aller gagner de l'argent et pas de la plus jolie des façons... Je retire ma main de l'eau et récupère finalement ma lampe à huile avant d'aller jusque dans ma chambre. Je m'allonge sur le lit et j'observe les ombres danser sur le plafond. Puis, je me recroqueville sur moi-même et vient entourer mes jambes de mes bras en me crispant avec tant de force que j'en ai mal dans chaque muscle. J'aimerais tellement réussir à échapper à ce qui m'attend, j'aimerais ne pas être obligée d'accepter la proposition de Katalina mais il va arriver un moment où je ne vais plus pouvoir refuser, j'en ai conscience... Tomas m'aide comme il peut, il me paye un peu pour l'aide que je lui apporte de temps à autres mais l'argent ne rentre pas assez. J'ai pensé à aller demander du travail à la taverne, peut-être que cela serait suffisant, peut-être n'aurai-je pas besoin de plus. Peut-être n'aurai-je pas besoin de la protection de Katalina... Après tout, cela fait un moment que je ne l'ai pas revu.

Volpe.
Rien que penser à lui me fait frissonner de terreur.

C'est contre lui que Katalina m'a offert une protection en plus d'un travail si je décide d'accepter de travailler pour elle au bordel. J'y ai songé parce que oui, il me fait peur et que si je pouvais ne plus avoir à le craindre du tout, je vivrais sans doute beaucoup mieux mais pour ça il faut que je vende mon corps. Je ne devrais pas avoir à faire ce genre de choix... Et peut-être ne vais-je pas avoir besoin de le faire puisque Volpe n'a pas montré sa sale tête (ce n'est jamais qu'une façon de parler car finalement sa tête n'est pas si horrible que ça) depuis un moment maintenant. Peut-être m'a-t-il oublié et qu'il a jeté son dévolu sur une autre. J'aimerais tellement que cela soit le cas... Je ne tiens ni à le revoir, ni à lui parler. Ce que je sais de lui d'avant et de maintenant me glace tellement le sang... Je sais pourquoi mon père l'a plus ou moins congédié à l'époque où ils travaillaient ensemble, je sais ses désirs et pensées bizarres, morbides et écœurantes et tout ceci associé à sa réputation d'homme cruel qui n'est plus à faire... Je ne souhaite qu'une seule chose : qu'il reste loin de moi et qu'il m'évite ainsi de devoir faire des choses absolument inimaginables juste pour être protégée de lui. C'est sur cette pensée que je m'endors et comme mon sommeil est peuplé de son visage, de visons cauchemardesques et terrifiantes... Comme je m'agite, comme je marmonne, comme je crie même, comme je sursaute quand j'entends des coups frappés à la porte de la maison. Lorsque je m'éveille je suis assise dans mon lit et l'espace d'un instant, j'ai du mal à distinguer la réalité du songe. Je touche mes joues et la sensation est assez réelle pour que je réalise que je suis bel et bien réveillée. Mais les coups frappés à la porte ? Ne sont-ils que le fruit de mon imagination trop débordante et effrayante ? Sans doute oui. Je laisse échapper un soupir et esquisse un geste pour me rallonger quand de nouveaux coups se font entendre. Je me redresse vivement lorsqu'une voix me parvient et aussitôt, mon cœur se met à battre de façon sourde contre mes côtés : c'est sa voix, non ? Non, je dois probablement confondre parce que j'ai rêvé de lui. Je m'empare de ma lampe à huile et m'avance jusque dans le salon et quand sa voix me parvient de nouveau je plaque ma main libre contre ma bouche. Il est là. Il est devant ma porte. Non. Je regarde autour de moi, à la fois effrayée et perdue. Effrayée parce que l'homme qui est juste là dehors est l'homme que je crains le plus au monde, perdue parce que je ne sais pas quoi faire. Si je ne lui ouvre pas, il risque bien d'enfoncer la porte et d'être violent mais si je lui ouvre... Que me veut-il ? C'est alors que je me pose la question que je comprends qu'il n'est pas venu pour moi et j'en éprouve une pointe de soulagement. Il a bien dit « vieil ami » alors il pense s'adresser à mon père : il ignore qu'il est mort et s'il l'apprend, plus rien ne l'empêchera d'essayer de s'emparer de moi de force, n'est-ce pas ?

Hésitation, peur, hésitation, peur.

« Allons, un peu de courage. » je murmure tout bas pour moi-même.

Je pose la lampe à huile sur le meuble à ma droite et m'approche de la porte. Je glisse mes doigts sur la clé mais ils tremblent : je tremble. Et si je lui parlais à travers la porte ? Il ne me croira pas... S'il ne voit pas de ses propres yeux que mon père n'est pas là il ne partira pas. Je réajuste ma chemise de nuit de façon à être le moins dévêtue possible, tourne la clé dans la serrure et prend soin de mettre mon masque d'impassibilité en place avant d'ouvrir la porte à la volée.

« Il n'est pas là ! » je lance d'une voix forte et décidée mais je me fige en voyant l'état de Volpe. J'écarquille les yeux tandis que ma bouche s'ouvre sous l'effet de la surprise : ce n'est pas une simple visite nocturne venue de nulle part, il est blessé. J'observe un instant son vêtement ensanglanté avant de relever mon regard vers son visage : allons-bon, qui l'a mis dans cet état-là ? Il aurait pu l'achever au moins... Ma main se crispe sur la poignée. « Mon père n'est pas là. » je répète avec un peu moins de véhémence. « Je ne peux pas vous aider, vous devriez aller voir le Docteur O'Meara, moi je ne peux rien pour vous. » j'ajoute en secouant la tête.


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Rafael Volpe
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MessageSujet: Re: Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton   Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton EmptyMar 14 Avr - 0:09

Sauve-toi ou le pêcheur ?


J’ai toujours su supporter la douleur. Depuis que je suis gamin, ma peau est trempée des pluies de coups que j’ai du endurer. De tous ces moments où mieux valait souffrir en silence et non faire preuve d’insolence – tous ces moments où je me roulais en boule en attendant qu’après l’orage vienne de nouveau le soleil. Jamais je ne me suis défendu d’une douleur qui n’allait qu’être multiplié si j’avais eu la brillante idée de me la ramener. Il ne faut pas luter ni combattre contre la raclée qu’on récolte. La main plaquée contre mes côtes en sang, mon visage tordu de douleur sous le faible lampadaire, je n’étais que ce Jésus qui au lieu de rendre la pareille a tendu la joue. Ce que ne dit pas la Bible, c’est qu’à force d’accepter cette douleur qui nous est méritée, on commence à l’apprécier, l’apprivoiser – et que, dans notre bonté, l’envie de la distribuer nous vient sous la forme d’une inspiration exaltée.
« Il n'est pas là ! » De mes lèvres en partie croûtées de vermeil, un crachat sanguin glissa pour atterir jusqu’au sol, aux pieds de la belle, aux pieds de celle que je ne voulais pas croiser. En d’autres circonstances, oh, je l’aurais probablement saluée, sifflée, et dans ma grâce et ma bonté, le volpe que j’étais lui aurait probablement un peu donné de cette douleur dans laquelle je suis né. Mes yeux plantés dans les siens tout aussi cristallins imaginaient déjà ceux-ci révulsés de terreur, de douleur, face à moi son grand Sauveur. « Mon père n'est pas là. » Cette voix, ce visage, et ce ton qui ne se calmait qu’après avoir compris avec quelle froideur elle m’avait adressé la parole, tout cela était signé d’un nom aussi anglais que son physique, son accent, et sa peau qui me suppliait de la caresser. « J’avais bien entendu la première fois, mademoiselle. » Mais au lieu de tendre ma main vers elle, mes doigts se crispent et se tordent autour d’une plaie que j’essaie d’oublier. « Je ne peux pas vous aider, vous devriez aller voir le Docteur O'Meara, moi je ne peux rien pour vous. »

Mais au lieu de me laisser entrer, mes dents se crispent et se serrent. « Pardonnez-moi ? » Ma main libre est posée sur la porte pour éviter qu’elle ne la referme, et d’un pas, je pénétrais à l’intérieur. Entre ma blessure et la maison du médecin, il n’y avait que l’anglaise et son ton hautin. Entre le silence de la nuit et mon entrée forcée chez lui, il n’y avait rien. Ma patte glissa de la porte jusqu’à l’épaule de la jeune femme, glissant encore jusque dans le bas de son dos tandis que je m’avançais, avant qu’elle ne se porte par-dessus l’autre sur ma plaie. « Valentyne ! » L’obscurité qui régnait à l’intérieur me fit trébucher une fois, puis deux, avant qu’un juron ne sorte, proféré en italien et à l’attention de cet imbécile de médecin. La forme d’un tabouret s’était dessinée devant moi et en m’asseyant dessus, je mordit mes lèvres dont le sourire déformé trahissait ma douleur. Une douleur que je supportais certes, mais que je sentais toujours. Lentement, j’enlevais avec précautions ma veste, ignorant en fermant les paupières ce déchirement de mes propres chairs que j’entendais doucement. Lorsque mes yeux se rouvraient, ce n’était que pour voir cette anglaise, interdite et silencieuse. « Vous êtes sa fille non ? Soyez bonne et sage, et allez me chercher votre paternel. » Quelques mois plus tôt, j’avais déjà vu les mêmes traits en retrait, alors que Valentyne me bandait. Elle était derrière, se cachait sans vouloir que je ne m’en aperçoive, m’évitait sans vouloir que je ne croise son regard. Mon regard, elle l’avait. Il découpait ses courbes peu montrées, cachées sous une robe de chambre dans laquelle elle n’avait probablement pas l’habitude de recevoir ses invités. Etait-elle mariée ? Peut-être pourrais-je jouer au fiancé. Tout vêtue de blanc, et dans la noirceur nocturne, dans la noirceur de ses cheveux et le bleu froid de ses yeux, on aurait dit l’un de ces fantôme de femme mariée, cherchant désespérément un mari qui, avec elle, vivra en damné. Ces vieux esprits présents dans les châteaux d’Angleterre ou d’Ecosse avaient tout le charme de la belle, comme si son origine avait créé ce qu’elle était. Une anglaise, belle, froide, mais au combien coincée.

Mes doigts déboutonnaient ma chemise qui, lentement, se décollait de ma peau et de mon sang, de mon flanc blessé qui se remettait à saigner. Et elle, que faisait-elle ? Elle restait là. « Sommes-nous réellement seuls ? Juste moi et la fille du plus éminent des chirurgiens ? » Je savais que mon accent italien pouvait parfois faire sonner mes phrases comme des provocations, mais dans ce cas-là, il n’était pas question d’accent. « Si tel est le cas, savez-vous ce que font les animaux blessés ? » J’enlevais ma chemise, et de nouveau, ma blessure fit sa précieuse et signala son existence. « Plus ils sentent leur mort approcher, plus ils mordent la main qui vient les aider. » Avec difficulté, mes yeux restaient ouverts face à la douleur et la fatigue accumulée que cette journée m’avait apportée. D’un mouvement je léchai mes lèvres au goût métallique, basculant légèrement ma tête en arrière pour ne pas qu’elle ne voit de trop une douleur qui s’insinuait de plus en plus. Sale tique me délestant de tout mon sang, si ce coup de couteau a ma peau, je serai au moins heureux de ne pas avoir laissé çà et là des rejetons qui plus tard penseront avec honte de leur géniteur. « Alors à moins que vous aimeriez que je vous morde, et Dieu sait que je goûterai bien un bout de cette peau si tendre.. » Et Dieu savait que j’avais eu mon compte avec les femmes supposément seules et sans hommes pour aujourd’hui. « Soignez-moi, Valentyne. J'ai de quoi vous payer. »


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MessageSujet: Re: Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton   Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton EmptyMar 14 Avr - 20:40









"Sauve-toi
ou le pêcheur ?"




Je ne souhaite qu’une seule chose : qu’il s’en aille. Qu’il écoute mon conseil et qu’il aille demander à Tomas de s’occuper de lui, non pas que je ne me sente pas capable de le soigner car je sais que j’ai les aptitudes nécessaires mais je ne veux pas me retrouver seule avec lui, je ne veux pas le laisser rentrer chez moi en pleine nuit car bien qu’il soit blessé, il me fait toujours autant peur. Et, quand il pose sa main libre sur ma porte pour éviter que je ne la referme, je dois faire un effort pour prendre sur moi et garder mon masque d’impassibilité en place, encore plus lorsqu’il pousse la porte et entre à l’intérieur. Aussitôt je me recule même si je préférerais lui barrer la route, je ne me sens pas le courage d’essayer de l’empêcher d’entrer alors que je ne suis même pas armée. Une arme… J’ai un rapide regard en coin pour la commode se trouvant sur ma droite : je sais que dans le deuxième tiroir, sous des draps, est cachée l’arme à feu de mon père que j’ai gardée. Mon attention est cependant vite reportée sur Volpe et je me fige, mon sang se glaçant dans mes veines tandis que mon cœur manque un battement, lorsqu’il pose sa main sur mon épaule. Je regarde droit devant moi et serre la mâchoire lorsque sa main glisse dans le bas de mon dos. J’ai envie de pleurer et j’ignore sincèrement où je trouve la force de ne pas le faire. Quand enfin il retire sa main ma bouche s’entrouvre pour laisser échapper un soupir de soulagement silencieux et je cligne plusieurs fois des yeux pour empêcher toute larme de couler. Puis je sursaute et ferme les yeux quand je l’entends appeler mon père en criant. Rien. Aucune réponse et pour cause : il est six pieds sous terre…
 
Je me retourne lentement quand j’entends Volpe se mouvoir et lorsque mon regard se pose sur lui, je le vois assis sur un tabouret en train de retirer sa veste maculée de sang. Il a les yeux fermés et l’espace d’un instant, il me paraît moins dangereux et moins effrayant mais à l’instant où ses yeux se rouvrent, je ressens de nouveau cet effroi et je réalise alors à quel point, au-delà de ses gestes et de son attitude, c’est son regard qui me pétrifie vraiment sur place. Je l’observe en silence, à une distance plus que raisonnable de lui et assez proche de la commode si jamais il devient vraiment aussi menaçant que le crains : il est blessé, j’aurai peut-être le temps de récupérer l’arme à feu. Lorsqu’il reprend la parole pour me dire d’être une jeune fille bonne et sage et d’aller chercher mon père, ma bouche s’ouvre puis se referme. Quoi dire ? Qu’il est mort ? Qu’il est en déplacement ? La voix de la raison m’intime de mentir à Volpe car s’il sait que mon père peut revenir, j’ai des chances qu’il ne tente rien de fou à mon encontre. Par contre, s’il apprend que mon père est mort… Bon sang, mais à quoi suis-je en train de penser ? Bien sûr qu’il va l’apprendre et si ce n’est pas ce soir, ce sera un autre jour. Le mensonge ne m’apportera rien de bon, au contraire car s’il apprend que je lui ai menti, s’il saisit l’ampleur de ma peur, il aura alors sur moi une totale emprise que je ne veux pas lui donner. La vérité donc mais elle peine à franchir la barrière de mes lèvres et je la mets finalement de côté lorsqu’il retire sa chemise et que j’aperçois la blessure, assez moche, qu’il a au niveau des côtes. Sans que je ne le veuille vraiment, c’est mon instinct de soigneuse qui se réveille et je fais même un pas en avant mais me fige quand Volpe reprend la parole pour me demander si nous sommes réellement seuls. La vérité. Je hoche presque imperceptiblement la tête mais assez pour lui faire comprendre que oui, nous sommes seuls. Puis, mon corps entier se tend lorsque les mots s’échappent des lèvres de Volpe, lorsque la menace est là, bien présente, bien réelle et c’est à ce moment-là que les larmes finissent par apparaître dans mes yeux et c’est au prix d’un nouvel effort que je garde le contrôle de mon corps pour que les dites larmes ne coulent pas.
 
« Soignez-moi, Valentyne. J'ai de quoi vous payer. »
 
Je reste un instant encore sans bouger mais les derniers mots qu’il vient de prononcer sont des mots qui ne peuvent pas me permettre de refuser ce qu’il me demande : j’ai besoin d’argent, réellement besoin d’argent et si je m’occupe seule de lui, il va me payer en conséquence. C’est une proposition que je ne peux pas refuser : il me tient. Le salaud il me tient. Je lui tourne le dos, chose que je déteste mais je n’ai pas le choix, et je m’approche de ma porte. Je glisse ma main sur le bois et pendant une seconde j’hésite, la voix de la raison se faisant encore entendre, hurlant dans mon esprit que je dois me saisir de mon arme et le mettre dehors mais j’ignore la raison parce que l’avarice est bien plus forte qu’elle. Je referme la porte et à peine la porte est-elle fermée que je me sens oppressée et en danger : je suis seule, enfermée avec lui, avec un animal blessé comme il l’a fait remarquer. Je recompose mon masque et quand je suis certaine que plus aucune appréhension n’est visible sur mon visage et que je suis aussi fermée qu’une huitre peut l’être, je me retourne avant de m’approcher de Volpe.
 
« Je ne peux pas vous soigner là-dessus, venez. »
 
Le ton est ferme, pas hautain, juste décidé et résolu : il veut que je le soigne ? Il a plutôt intérêt à m’écouter puisque c’est moi qui vais lui servir de médecin.
 
« Je vous emmène dans le bureau de mon père. » j’ajoute en lui tendant la main pour qu’il vienne s’en saisir et ainsi s’appuyer sur moi.
 
Il est dans un tel état qu’il risquerait bien de s’écrouler avant d’arriver jusqu'à la table d’opération et je n’aurai pas la force de le relever toute seule donc… Bien sûr, l’idée de ce contact me retourne l’estomac mais je n’ai pas d’autre choix : j’ai besoin de son argent alors, je vais me faire violence et mettre ma peur au placard. Il y un instant de flottement puis finalement, lorsqu'il vient enfin se saisir de ma main, je me tends davantage encore mais, une nouvelle fois, je ne laisse rien paraître. Je le laisse pleinement prendre appui sur moi et, doucement mais sûrement, nous avançons jusqu'au bureau de mon père. Le trajet est court et pourtant il me semble terriblement long alors que nous sommes physiquement aussi proches, plus proches que nous ne l'avons jamais été, plus proches que nous ne le serons jamais, en tout cas je l'espère. Lorsque nous arrivons enfin à destination, je le lâche près de la table d'opération pour qu'il puisse s'y installer.

« Continuez à faire pression sur la blessure. Je reviens. » je lui dis avant de me détourner de lui et de sortir à pas rapide du bureau pour aller jusque dans ma chambre à coucher. Sur ma commode, je me saisis de la lanière en cuir que j'utilise pour me nouer les cheveux et c'est ce que je fais : je les tresse tout en allant dans le salon et quand mes mains sont libres, je récupère la bassine d'eau avant de m'en retourner dans le bureau. Je pose la bassine sur une table et récupère un linge avant de m'approcher de Volpe.

« Voyons voir. »

Un regard, un silence, puis il me laisse avoir accès à sa blessure dont j'éponge le sang avant de l'observer de plus près. La blessure n'est sans doute pas mortelle, à moins qu'elle ait touché un organe mais ça, je ne peux pas le savoir car non, je ne suis pas chirurgien. J'ai certaines connaissances mais je ne vais certainement pas l'ouvrir pour regarder l'étendue des dégâts : ça dépasse mes compétences. Avec ma main, je continue à faire pression avec le linge sur la blessure avant d'observer le visage de Volpe. Lèvre coupée, mâchoire tuméfiée.

« On peut dire qu'il ne vous a pas loupé... » je souffle avant de me détourner de lui pour me nettoyer les mains.

Je m'approche ensuite du placard dont j'ouvre les portes pour récupérer la boîte dans laquelle mon père rangeait tous ses instruments. C'est en silence que j'installe tout ce dont j'ai besoin sur la table à côté de la bassine. Puis, je m'en retourne vers le placard et récupère un petit flacon avant de retourner auprès de Volpe.

« Laudanum. Vous en voulez ou non ? C'est vous qui choisissez, je ne vous forcerai pas à le prendre si vous vous sentez la force de supporter les soins sans en boire. »

Mon calme me surprend : est-ce que ça va seulement durer ?

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Rafael Volpe
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MessageSujet: Re: Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton   Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton EmptyJeu 16 Avr - 15:56

Sauve-toi ou le pêcheur ?


Mes mots restèrent en suspens, dans l’obscurité, là entre elle et moi ils flottaient l’espace d’un instant. La tête en arrière et les dents serrées, je n’entendis que le froissement de sa robe ponctuer ce silence hésitant. Le renard est dans la bergerie, et le mouton hésite à se laisser dévorer ou non. Qu’elle m’accepte ou me refuse, elle sait, oh pour sûr, que quoi qu’elle fasse, elle était piégée. Même dans mon état et blessé, j’étais toujours capable de lui faire regretter le mauvais choix qui était de tenter de me faire partir, d’appeler à l’aide, courir et hurler. Je ne sais pas pourquoi, mais dans son regard et ses attitudes, cette femme agissait comme si elle me connaissait. Comme si le fait que son père m’ai recousu et ai travaillé avec moi lui inspirait une réticence terrifiée. Me soigner était la meilleure chose à faire – m’endormir après avoir fini, la chose la plus maligne à faire. Les animaux blessés mordent, soignés ou non.
Le silence durait, et un râle d’impatience sortir sourdement de mes lèvres. Et la porte se referma. Etait-elle partie, avait-elle fuit sa propre demeure ? Redressant ma tête, je ne vis que son corps raide, sa main toujours posée sur le verrou qui venait d’être mis. Pour autant, elle ne se retourne pas, ne bouge pas. Sentait-elle mon regard posé sur elle pour ne pas oser bouger le moindre orteil ? Si tel était le cas, il faudrait qu’elle parvienne également à sentir ma douleur afin qu’elle agisse plus rapidement à cet égard ; pensais-je juste avant qu’elle ne se retourne et me dise : « Je ne peux pas vous soigner là-dessus, venez. » Un demi-sourire meut mes lèvres satisfaites. Peut-être était-elle capable de lire dans mes pensées. Peut-être était-elle l’une de ces nombreuses femmes qui croisaient mon chemin, touchées par des forces à l’obscur dessin. Tout chez elle rappelait la Mort que j’avais croisé à Londres, mais ce côté de proie qu’elle avait malgré tous ses efforts la rendait tellement.. Humaine. Ce n’était qu’une simple femme, belle mais simple, digne de son père et de ses manières, de ses paroles et de sa froideur. Son ton était ferme comme pour me prouver qu’elle était sur son territoire – bien que tous deux savions que cela était terriblement faux. « Je vous emmène dans le bureau de mon père. » Alors pendant un moment, je l’observe dans ce défi muet qui est le mien, amusé de voir la manière dont elle a de prendre sur elle, elle qui, seule avec moi, regretterait bien amèrement l’absence de paternel. Mais j’acquiesce, fait disparaitre ce sourire de mes lippes et tend patte blanche à celle qu’elle me tend. Il serait stupide de lui faire regretter le choix qui était le plus simple autant pour elle que pour moi.

Mes doigts se referment sur les siens, tandis que lentement, je me relève. Les dents serrées et les yeux fermés, je tentais d’étouffer et de ne pas voir la douleur qui, insidieusement, me sciait les côtes. Si j’ai apprécié pour un court moment la douceur de sa main, une fois levé, je n’ai pu m’empêcher de poser mon avant-bras sur son épaule tandis qu’elle me soutenait. D’une main, je tenais ma peau fendue, posant mes doigts sur les croûtes formées et le sang qui continuait de couler en petite quantité. Quant à mon autre pogne, elle était posée malgré la jeune femme sur la base de son cou d’où je pouvais faiblement sentir son poult, suffisamment rapide pour que même loin de sa carotide je puisse le discerner. Son odeur aussi, ainsi que la froideur qu’était sa peau. Ou peut-être était-ce moi qui bouillais intérieurement à cause de cette lame, donnée de cocu à amant. « Vous n’avez pas besoin d’être aussi raide vous savez.. Transporter un blessé d’un endroit à un autre n’est que votre métier. » Osais-je supposer, ne me permettant pas de penser le contraire d’elle afin de ne pas craindre ce que, de ses mains incultes, la belle pouvait me faire. « Ne pensez juste pas à la proximité de nos corps, et encore moins aux autres corps dont j’étais près il n’y a pas si longtemps - mais légèrement plus dévêtu. » Ma voix était rauque, mais mon sourire était présent. Il était tellement facile de mettre mal à l’aise la belle anglaise. La Belle anglaise mal à l’aise. Oh, cela lui allait tellement bien, à elle et son silence de pucelle, bien trop dans ses petits souliers pour oser me répondre ou même me parler.

Ce ne fut qu’une fois arrivé dans le bureau de son père que son bras se retira, rapidement, me laissant le loisir de me retenir tant bien que mal sur le coin de la table. « Continuez à faire pression sur la blessure. Je reviens. » Le temps de me retourner qu’elle s’en allait. Si je reconnaissais bien le bureau de celui qui avait jadis été mon collègue, cette femme m’était étrangère – ou presque. Entre les mains d’un médecin, il y a parfois une fine barrière entre la vie et la mort que seul loin peut vous faire franchir en vous assurant que c’est pour votre bien, ça va vous guérir. Pour avoir moi-même utilisé cette technique à Londres, dans le fond sale de quelque boutique abandonnée, inutile de dire que je n’avais pas confiance en la jeune fille que j’avais bien intimidé. Pourquoi diable Valentyne n’était-il pas là ? Du bout des doigts, je vérifiais que mon couteau était toujours bien dans la doublure de mon pantalon lorsqu’elle revint. M’allongeant de manière à sentir le moins possible ma plaie, je l’observai s’approcher de moi avec son linge aussi blanc que sa robe de chambre. « Voyons voir. » Personne de sain d’esprit n’oserait m’ôter la vie en portant un vêtement qui crierait aussi fort le meurtre commis. Les tâches de sang maculeraient sa robe blanche, de qualité, et probablement était-ce pour une femme la dernière des choses à espérer. J’enlevais donc ma main de la blessure, laissant le tissu inoffensif qu’elle tenait être appliqué sur le flanc. « On peut dire qu'il ne vous a pas loupé.. » « Aussi sûrement que j’ai aimé sa femme, ça oui. » Ruby, couleur de sa robe en soie, de ses yeux excités, et de mon diable de sang qui ne s’arrêtait pas de pisser.
Elle s’en alla de nouveau, me tournant le dos, cherchant dans les mêmes placards ou son père fouillait de quoi me soigner. Ou non. Observant de loin ce qu’elle faisait, je n’arrivais pas à enlever ma crainte naturelle qui était celle de me faire piéger. Si Dieu récompensait bel et bien les justes pour punir les pêcheurs, il était temps pour moi de subir son courroux – mais quitte à vivre encore un peu plus, autant m’assurer que sa Vengeance ne se cachait pas sous les traits pourtant si attirants que la jeune femme, qui, lentement, disposait tout son petit matériel à côté du cadavre que je pourrais très bien être. Puis elle me montra un petit flacon, et me posa la plus basique des questions, avec un calme des plus sereins. « Boire quelque chose qui m’endors, ou qui me tue ? Je ne connais même pas votre prénom, et encore moins la raison pour laquelle Valentyne n’est pas ici. » Ma voix n’est pas agressive, ni même sur la défensive. Je ne fais que dire des faits, moi et ma plaie, moi et ma fatigue et ma seule envie : retourner sur le navire. « A moins que je ne sache cela, vous devrez endurer mes cris parce que je ne vais pas me laisser endormir ou droguer par une femme qui serait alors capable de me tuer. »



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Payton Valentyne
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MessageSujet: Re: Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton   Sauve-toi ou le pêcheur ? ⊰ Payton EmptyJeu 16 Avr - 19:10









"Sauve-toi
ou le pêcheur ?"




Tandis que je l'observe, mon esprit s'évade un instant pour rejouer ses mots prononcés quelques instants plus tôt : un mari jaloux donc, voilà le responsable de son état. Il a aimé sa femme a-t-il dit et cela m'intrigue. Lui ? Est-il véritablement capable d'amour ? Cet homme dont le regard me pétrifie sur place ? Cet homme dont la réputation n'est plus à faire ? Au-delà de ce qu'il paraît être aux yeux de tous, est-il capable d'aimer comme il le prétend ? C'est une chose que j'ai véritablement du mal à imaginer. Ce que j'ai encore plus de mal à imaginer, c'est comment une femme peut, de son plein gré, accepter de lui ouvrir ses draps et ses bras. Non pas qu'il ne soit pas joli garçon car je ne peux lui enlever cela : son visage est merveilleusement bien dessiné, ses lèvres peuvent rendre n'importe quel femme désireuse d'y goûter, y compris moi-même oui même si cela me coûte ne serait-ce que d'y penser, mais c'est son regard et son attitude qui me refroidissent et qui, à mon sens, devraient refroidir n'importe quelle femme qui ne serait pas payée pour prétendre vouloir de lui. Cette femme dont il parle, celle qui a voulu de lui alors qu'elle est mariée, comment est-elle ? Est-elle douce ? Est-elle dure ? Aime-t-elle le danger et est-ce pour cela qu'elle a choisi de donner à Volpe cette place dans sa vie même de façon éphémère ? Ce sont là des questions que je ne devrais pas me poser, des questions auxquelles je ne devrais prêter aucune importance et, fort heureusement, c'est Volpe lui-même qui me sort de ces pensées inavouables et inutiles. Je fronce les sourcils lorsqu'il parle du Laudanum et qu'il émet la possibilité que cela pourrait le tuer. Ainsi donc, il n'a aucune confiance en moi. Comment lui en vouloir ceci dit alors que je n'ai moi-même aucune confiance en lui ? Il est blessé, vulnérable, je lui présente un flacon dont l'étiquette nous fait dire que c'est du Laudanum mais rien ne lui dit que je n'ai effectivement pas mis autre chose là-dedans et ce depuis longtemps dans le cas où j'aurais besoin d'un poison pour me défendre. Il a raison : il ne me connaît pas. Il connaît bien mieux mon père qu'il ne me connaît moi, la preuve en est qu'il ne connaît pas mon prénom alors que je pensais que c'était le cas. De plus, il tient à savoir pourquoi mon père est absent et à ses mots, je sens mon corps se tendre une nouvelle fois : évoquer la mort de mon père m'est douloureux et le faire face à lui...

Je soupire.

J'ai accepté de lui soigner. J'ai accepté de le laisser rester ici et en faisant cela, j'ai donc accepté d'être franche avec lui, si pas totalement, en grande partie tout du moins. Alors, je baisse la main tenant le flacon et je plante mon regard dans le sien. Je sais que je m'adoucis quelque peu alors, non pas que ma crainte le concernant ait disparu mais je suis sur le point de le mettre dans la confidence et j'ai la sensation de briser une barrière entre nous, voilà tout.

« Payton. » je dis tout bas. « Mon prénom est Payton. » je lui avoue donc. « Quant à mon père... » Ma gorge se noue et si j'ai réussi à contrôler mes larmes quelques minutes auparavant, à présent, mes yeux se voilent parce qu'il ne peut en être autrement. « Il est mort il y a quelques temps de cela maintenant. » Je lève mon regard vers le plafond et cligne plusieurs fois des yeux pour empêcher les larmes de couler et me reprendre. Je reporte alors mon attention entière sur Volpe. « C'est pour ça qu'il n'est pas là, pour ça que je suis seule ici. Il ne reviendra jamais. »

Intérieurement, la voix de la raison me hurle que j'en dis trop mais je sais que je n'ai pas d'autre choix alors, je la balaye cette voix de la raison et je l'ignore. Je sais que mon visage affiche à présent une certaine résolution et c'est parce que je prends, au fil des secondes, confiance en moi, même si Volpe m'effraie toujours autant. C'est juste que je me sens à l'aise parce que là, maintenant que j'ai sa vie entre les mains, maintenant que je suis sur le point de le soigner, je me sens mieux parce que c'est pour cela que je suis faite, voilà tout et que cela me manque au quotidien. J'ai beau craindre Volpe, ce soir, par ses blessures et sa présence ici, il m'offre non seulement de l'argent dont j'ai besoin mais, malgré la frayeur qu'il éveille, il m'apporte un certain réconfort : comme c'est complètement fou qu'une telle chose soit possible...

C'est donc d'une voix assez sûre que je reprends.

« C'est mon père qui m'a entraînée et il m'a bien entraînée. Je ne suis pas un chirurgien et je n'ai pas toutes ses connaissances c'est vrai mais j'en ai assez pour bien m'occuper de vous, je vous l'assure. Quant à vouloir vous tuer... » Je marque un silence et prends une profonde inspiration. « Je ne suis pas assez idiote pour tenter une chose pareille parce que, si je voulais vous tuer, il faudrait que je sois certaine de ne pas vous louper sinon, je suis bien consciente que vous feriez en sorte de me faire payer mon arrogance. »

Car oui, imaginer qu'une simple femme comme moi puisse venir à bout d'un homme comme lui c'est de l'arrogance pure et simple. Je relève le falcon.

« Du Laudanum, pas du poison. Cela ne vous endormira pas et cela ne vous rendra pas vulnérable. Cela va juste atténuer la douleur, rien de plus. Alors... » Je dévisse la flacon et montre la pipette à Volpe. « Quelques gouttes pour éviter la douleur ou vous faites sans ? Décidez-vous vite parce que bientôt, vous n'aurez de toutes les façons plus assez de sang pour survivre. »

Aucune animosité dans mes mots et c'est bien surprenant. C'est simplement l'avertissement d'une infirmière auprès de son patient : si je n'agis pas vite, il va continuer à se vider de son sang et oui, il risque d'en mourir. Donc...



© charney

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