chaton ›› élyse ››  vingt-deux ans

PAYS : Canada. FRÉQUENCE DE CONNEXION : Un peu chaque jour/7j. VOTRE AVIS SUR NSWD : ATTENTION! J'ai laisser de la bave sur le plancher. COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM : Bazzart, je crois. PERSONNAGE : Scénario, de Arthur Wilkins. CÉLÉBRITÉ : Keira Knightley  VOYEZ VOUS DES CHOSES A AMÉLIORER ? : Nada. UN DERNIER MOT ? : écrire ici.

« Ne m'observez point, je vous en prie... » Ses mots quittent mes lèvres, à l'instant même où j'entends ses pas se répercuter contre les murs de pierre. J'ignore pourquoi il me recherche moi, il aurait dû se rendre auprès des plus jeunes. Marie ne devait définitivement pas être en mesure de comprendre ce qui arrivait à notre mère bien aimé et Joseph devait se retenir pour ne pas passer pour faible. Le pauvre petit, si désireux d'être un homme à douze ans seulement. Pourtant, il se rapprochait de moi. Venant s'assurer que son aînée, son héritière, sa fille n'avait pas vécu un trop grand choc en obtenant le dernier souffle de sa femme. Je savais qu'il voulait bien faire, me soutenir tel le père qu'il était. Me rappeler mes devoirs envers les autres Desrosiers et le rôle que je devrais jouer désormais. Je savais qu'il suivait sa propre logique, mais je ne pouvais empêcher mon esprit de vagabonder. Devant cette fenêtre dans ce couloir, précédemment désert, mes jointures blanchissaient sous la force de contraction que j'y exerçais. Ça ne pouvait être vraie, j'allais me réveiller et rire un bon coup de mon imagination trop fertile. Ce genre d'histoire n'existait pas. Une femme aussi bonne, aussi parfaite que mère ne pouvait définitivement pas avoir perdu sa vertu avant son mariage. Je sens mes ongles qui s'enfoncent dans la chair tendre de mes paumes et je frisonne. Les derniers mots, qu'elle a prononcés, m'obsèdent et je les retourne dans tous les sens. À la recherche d'une faille, d'un infime indice qui m'aurait indiqué qu'elle délirait. Que ce secret, n'en était pas un. Que l'homme qui s'approchait de moi, ce riche français de bonne famille, ce bourgeois qui avait tant offert à ma personne, était bel et bien mon père... Et non pas l'homme, à l'origine d'une aventure sans lendemain. Ça ne pouvait être vraie n'est-ce pas? « Je suis étonné que tu ne sois pas auprès des autres. Tu sais qu'ils ont besoin de toi. Surtout, les filles. » Il était désormais à mes côtés et je ne pouvais me décider à le regarder. Une main sur mon épaule, comme seul geste de soutien, il semblait lui aussi chambouler. Sa voix tremblant légèrement. Tandis que moi, je fixais l'horizon retenant les larmes, dont j'ignorais la source exacte. La mort ou le choc? Lequel des deux expliquaient mon état? « Séraphine... Je sais que ce n'est pas évident pour toi aussi, mais s'il te plait. Elles ne sont encore que des enfants, elles doivent nous voir en contrôle et fort. On doit leur montrer qu'on peut les soutenir. » Ma mâchoire se contracta sous l'épreuve que je vivais. Mes lèvres me brûlaient. Elles voulaient se décharger de ce qu'on m'avait avoué. Je n'aurais jamais dû être compté parmi ses enfants, je n'aurais jamais dû voir le jour.

Paupières close pour ne pas céder à cette envie qui me taraudait de provoquer un scandale, mes phalanges toujours maltraité, je me concentrais sur ma respiration. Ne pas céder, être digne de mon rang, de mon titre, de mon pè... De mon père. « Tu sais le rôle qui t'attend désormais, n'est-ce pas? Il te faudra être parfaite et les guider sur le chemin du mariage Séraphine. Il n'est plus questions d'incartades à ton comportement. » Attrapant mon visage du bout de ses doigts, il me força à le regarder. Et c'est ce que je fis, furieuse de ne pas avoir du temps pour me reprendre. « Je ne veux plus que tu sortes du rôle conventionnel de la femme. Plus d'étude sur des sujets inappropriés à ton sexe, plus de visite en des lieux... Enfin, tu me comprends n'est-ce pas? Désormais, tu n'auras plus le droit à l'erreur. » N’ayant qu’entrouvert mes paupières, je les fermais à nouveau et détournais le menton. M’éloignant de sa prise pour de nouveau me concentrer sur le paysage. Je n’étais plus que tension, tandis que les souvenirs de mes penchants, des ennuis que je m’étais attiré et de cette pulsion qui me poussait à franchir les limites de la Bourgeoisie me revenaient. Aurais-je dû le voir avant? Je n’avais que l’apparence des poupées que l’on vendait au plus offrants. Si j’étais féminine et délicate, si j’étais émotive comme elles, je n’en restais pas moins... Indiscipliné, assoiffée de savoir et d'aventure. Incapable de tenir en place et de me contenter de la vie qu’on m’offrait. La bague à mon doigt me pesait. J’aimais l’homme qui me parlait, il était seulement différent de moi. Si différent, que nous ne nous étions jamais vraiment compris. « Ma fille... Ma grande fille. J'espère vraiment que tu comprendras que je ne veux que ton bien. Je pense à ton avenir. Si je pouvais te léguer l'entièreté de ma fortune, je le ferais. Je te laisserais choisir de ta vie, mais j'ai eu un fils et tout lui reviendra. Je ne peux te garantir qu'il t'entretiendrait. C'est pourquoi, je t'ai promise à cet homme. Ne m'en veux pas pour longtemps encore, surtout pas dans les circonstances actuelles. » D'une grande inspiration, j'étirais mes doigts, essayant de ne pas céder aux brumes qui couvraient mes pensées. « Je suis sincèrement navré de ma réaction puéril vis-à-vis de mes fiançailles, j'ai parfaitement conscience de ma situation. Père, j'irai les rejoindre et je ferai de mon mieux pour les aider. Mais ce soir, je ne le puis. » Sans lui laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit, je tournais les talons et m'éloignais. J'avais quelque chose à faire, j'avais des questions sans réponse à ressasser. Ma mère était morte, je devenais plus responsable encore de mes frères et sœurs... Je n'étais pas leur véritable famille. Seulement à demi de leur sang. Ma mère avait cédé son cuissage à un pirate, j'étais le résultat de cette erreur. Idylle ou pas, je n'étais légitime que par mensonge. Pouvait-on vraiment m’en vouloir d’être égaré?

Paris avait un tout autre visage, une fois la nuit tombée et je m'enfonçais dans un quartier qui n'aurait pas dû m'être familier. Pourtant, j'y avais mis les pieds plus d'une fois gamine. Jamais dans l'excès ou pour nuire à la réputation de ma famille, juste assez pour goûter un semblant de liberté et me faire réprimander sans trop de conséquences. La discrétion était quelque chose d'important, que j'avais apprise à maîtriser des années avant que j'atteigne l'adolescence. Un sifflement de matelots retentit et je souris en coin. Ma tête se tourna pour chercher du regard celui qui avait eu le culot de cette familiarité dégradante. Je trouvais sa silhouette près de la porte d'une taverne. Vêtement de son rang, peau tanné par le soleil et le dur labeur, je l'aurais reconnu entre tous. « Qu'est-ce qu'une princesse fait dans un pareil bourbier? On pourrait raconter de mauvaise chose à son sujet. » Il se rapproche de moi et je peux voir se sourire satisfait et arrogant. C'était le même depuis l'enfance. Fils de ma nourrisse, il avait été l'un des premiers à secouer mon univers. Une sorte de rappel constant de ce qu'était l'univers, une fois mes frontières franchises. Il s'arrêta près de moi et attrapa une de mes boucles de cheveux. Il ne se gênait jamais pour me troubler et jouer avec les limites de l'acceptable. Je m'indignais par principe. Incapable de ne pas apprécier ce jeu inconvenant. « J'ai su pour ta mère. T'en sors? » Je haussais les épaules, pour toute réponse. « J'ai un service à te demander. » J'avais passé les dernières semaines à me torturer. Incapable de me décider sur ce que je voulais, avant de finalement ne pas prendre de décision. Rien ne m'empêchait de m'informer. Rien. Si ce n'était moi. Son rire chaud me saisit à la gorge. Il était le seul que je connaissais, qui ne contrôlait pas ses réactions. « Où sont tes manières, princesse? Aucune conversation ins'pide? C'est pas digne de toi voyons... 'Fin, j'peux t'aider comment? » Je lui adressais un sourire que lui-même ne reconnut pas. J'étais convaincue que je pourrais me contenter en apprenant plus à son sujet. Pourquoi j'étais ainsi. Aimait-il la mer, avait-il seulement eu le choix de devenir pirate? « Tu retrouverais un pirate pour moi? » Ses yeux pétillèrent et je su qu'il mourrait d'envie de me questionner, mais je ne lui en laissais pas le temps. « Peu importe ce que tu me demanderas en échange. » Il fit mine de réfléchir et je levais un sourcil agacé. Au bout d'une minute ou deux, il soupira. Semblant exaspéré de moi. « Aucune princesse a autant le don de s'attirer les ennuis, q'toi. Ça prendra du temps, beaucoup de temps et faudra me dire c'que tu sais. » Spontanément, je me jetais à son cou avant de me reprendre et sous cette étreinte qui le rendit nerveux, je su qu’un jour je pourrais me satisfaire de ma vie. Si, on pouvait m’offrir quelques réponses à mes questions.

U.C.

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