Les ruelles n'allaient pas se calmer de si tôt. L'alcool coulait à flot, les femmes aguichaient les hommes qui perdaient déjà leurs moyens. Indépendants de ce breuvage ou pas, ils se perdaient souvent dans ces courbes majestueuses qui venaient se coller à eux. L'euphorie. C'était ça, le mot. Il n'y avait plus aucunes barrières, tout semblait possible en cette soirée festive. Pirates, mercenaires, commerçants. Ils étaient tous réunis, ensemble, à boire, à rire joyeusement sans se soucier des possibles conséquences. Ils en buvaient, des litres d'alcool. Le parfum du vin venait s'infiltrer dans les narines de la diseuse de bonne aventure, qui observait d'un œil amusé les ivrognes qui manquaient de tomber à chaque pas qu'ils faisaient. Le trois avril. A cette date, tout le monde devenait une bande de joyeux lurons. On en oubliait les rivalités, les amertumes, le temps d'une soirée bien arrosée. Comme c'était bon, de se sentir entourée par des individus qui en oubliaient tout leurs problèmes. Ils n'allaient plus voir Idelle pour lui demander des esquisses de leurs avenirs. Ils n'allaient pas l'interpeller, soucieux de savoir ce que le lendemain leur réservait. Ils s'en fichaient, ils croquaient la vie à pleine dents. Ils dansaient, ils parlaient forts. Ils bousculaient les autres, mais personne n'y faisait vraiment attention. « Allez, une gorgée de rhum ! On sait que t'en es pas fan, mais pour cette soirée, fais donc une exception et amuse toi ! » lui avait-on soufflé entre deux gloussements. On lui tendait une coupe, remplie jusqu'au bord. La blonde affichait un sourire radieux, les lèvres tirées jusqu'aux oreilles. Elle ne se sentait pas harcelée ou même dans l'obligation de faire ce qu'ils disaient. Mais pour une fois, pourquoi pas. Sans réfléchir, elle prit le verre des mains de l'homme devant elle et porta la coupe à ses lèvres, buvant d'un seul coup tout le contenu. C'était... un goût qui n'avait rien à voir avec du rhum. C'était doux. C'était... de couleur bordeaux ? Elle fronça les sourcils, regardant ses interlocuteurs. Non non non. Venait-elle d'ingurgiter le vin maudit ?!

Elle marchait, lentement mais d'un pas léger. La place du marché était bondée mais elle n'avait pas l'impression d'étouffer. Elle se sentait bien, trop bien pour que tout cela soit réel. Elle observa les faciès avec attention, puis d'un geste rapide, elle défit sa natte qui avait l'habitude d'être joliment réalisée. La natte, ça faisait bien trop gamine pour une femme comme elle. C'était une femme, justement. Et non pas une enfant. Elle se dirigea vers une chaise en bois qui tenait debout entre des groupes de pirates ou mercenaires, ou autres individus. Elle grimpa sur la chaise et en levant les bras au ciel, elle haussa la voix comme jamais elle n'avait l'habitude de le faire. Elle qui était si douce, si calme, avait les cheveux en bataille, qui lui tombaient tout le long du corps. « Ce soir ! CE SOIR ! Et seulement ce soir ! Je vous offre bien plus que mes prévisions. CE SOIR. JE VOUS OFFRE... » Elle gloussait, des ricanements inhabituels dans un brouhaha ordinaire. « JE VOUS OFFRE MA PERSONNE ! MES SERVICES.  » Elle s'éclaircit la gorge et en mettant l'une de ses mains vers son cœur, prenant un air humble, elle termina. « Et c'est gratuit, contrairement aux catins de Nassau ! » Elle lança un dernier cri aigu, strident, pouvant percer les tympans de tout le monde. Elle sautillait doucement sur sa chaise, rigolant sans aucune raison apparente. Encore un peu, et elle se cassait la figure sur le sol.

La fête de la fondation de Nassau, quelle bonne idée ! Aslan n'était pas le dernier lorsqu'il s'agissait de faire la fête, au contraire, bien des fois il avait eu des problèmes à cause de l'alcool... Dire la religion de ses ancêtre interdisait ce liquide si envoûtant. Quoi qu'il en soit, c'était dans une ambiance plus que détendu que l'ottoman se décida à traverse le marcher afin d'aller chercher ce qu'il fallait de rhum... Quoi qu'on lui proposa aussi de goûter au vin... C'était gracieusement offert, il n'allait pas refuser un petit verre de vin sous prétexte qu'il préférait le rhum ! Évidemment, le liquide bordeaux avait un gout de reviens-y, si bien qu'Aslan sortit son argent pour en prendre un second verre, puis un troisième.

Le tapage en ville devenait de pire en pire... Il avait l'impression que les gens ne savaient pas se tenir, encore moins que d'habitude... Bizarrement, d'habitude il s'en fichait complètement, surement parce que d'habitude, il était du genre à faire du tapage lui aussi... Pourtant, là, ça l'agaçait. Et là, il n'avait pas envie de laisser couler, en temps normal, aurait seulement tracé son chemin pour aller à l'auberge par exemple, mais pas cette fois-ci. Il soupira en entendant les mots de la blonde, il avait portant beaucoup de respect pour les femmes normalement, mais ça c'était pénible et l'homme qui en rajoutait une couche...

Ce fut donc de façon irritée que l'ottoman prit la parole sur le même volume sonore que ces deux-là. « Madame ! » Lâcha-t-il ironiquement. « Comment voulez-vous qu'un seul des hommes ici présents vous respectent pardi ! C'est bien joli de vouloir être traité en comme égales, mais ce n'est pas avec ce genre de comportement qu'on le fera ! » Il se tourna ensuite vers l'homme, tout aussi agacé. Il connaissait vaguement ce pirate de nom, après tout, ils se connaissaient tous plus ou moins dans ce monde merveilleux. À la base, il n'avait rien contre lui comme il ne le connaissait pas personnellement... à la base seulement. « Et vous, MONSIEUR, enfin, si je puis vraiment vous appeler ainsi, vous ne valez pas mieux ! Encourager cette femme à la débauche, quelle mentalité ! Ce sont des gens comme vous qui ternissent l'image des pirates ! Ah ça ! Pour se servir de ce qu'il y a dans le pantalon il y a du monde, mais pour le maniement de l'épée, il n'y a plus personne ! » Décidément, il était bien remonté ce soir, il allait surement le regretter, mais pour le moment, il s'en fichait complètement.

HJ : vos postes m'ont fait trop rire xD

Une fête à Nassau, pour sur que j'y suis ! C'est donc une bouteille du soit disant vin maudit en main que j'évolue au milieu des gens présents, pirates ou simples habitants. Je n'ai jamais cru en une quelconque malédiction, superstition diverse, tout cela me passe complètement au-dessus, alors pourquoi aurais-je changé d'avis aujourd'hui ? Je prends une nouvelle gorgée de vin tandis que je ralentis le pas, observant le monde autour de moi. Le liquide bordeaux se repend doucement dans ma gorge de façon agréable. J'ai l'étrange sensation de me sentir bien, de me sentir complètement détendu et don l'unique but est de promouvoir la paix. Je fronce les sourcils, observant le dit vin. En aurai-je bu trop ? Je n'en suis pas sur, moi qui tiens si bien l'alcool. Ne réfléchissant pas plus, je continue de faire quelques pas, m'approchant du large feu qui trône au milieu du groupe, observant l'agitation. Je me sens un peu gênée. Toutes ces femmes m'intimident, bien que beaucoup me plaisent. Est-ce que je suis bien coiffé ? Suffisamment bien habillé ? Hum, j'ai un doute quant au fait que ma tenue soit accordée ! Mais tandis que, tenant la bouteille de vin d'une main, je commence à ajuster ma ceinture et le bas de ma chemise, une femme prend la parole. Tiens, Idelle. Son comportement est étrange à elle aussi. Nouveau froncement de sourcil. Mais c'est vrai qu'elle est jolie Idelle. Oh mon dieu, je n'oserais jamais aller lui parler. Et si elle me rembarrait ? Oh mon dieu non, j'ai trop peur, elle est intimidante en vrai. Puis est-ce que je suis assez bien habillé ?

Mais tandis que j'observe tout ça, perplexe, un homme commence à s'énerver. Ah non ! Les gens qui s'énervent comme ça, je ne supporte pas ça. Toute cette violence, ce n'est pas normal, il y a tellement d'autre façon de s'exprimer. Prenant une nouvelle gorgée de vin, je me rapproche de l'homme en question, prenant mon courage à deux mains pour ne pas être trop intimidé. Une fois arrivé à son niveau, je lui tapote l'épaule et il se tourne vivement vers moi. Je me sens con, je me sens gêné, mais j'ai un message à faire passer, celui de la non-violence. Bien que je sois surement un peu en avance sur mon temps. « Monsieur pourquoi vous énervez ainsi ? Vous savez qu'il y a bien d'autres moyens de vous exprimer que par autant de violence, calmez-vous ! » Franchement, en disant ça, je sens que je vais me prendre un poing dans la tronche et je commence un peu à flipper. « Écoutez plutôt votre paix intérieure, la politesse, la douceur sont de biens meilleurs moyens de communication ». Si seulement je pouvais réaliser ce que j'étais en train de dire. Un nouveau regard sur la bouteille que je tiens dans ma main, j'en reprends une gorgée pour me donner du courage.