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MERCI DE PRIVILÉGIER LES HOMMES SUR LES NAVIRES ET LES FEMMES A TERRE ! Il y a également de nombreuses choses possibles pour les femmes à terre ;)
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Serenity Costello
Serenity Costello
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MessageSujet: Re: ›› le ctrl+v.   ›› le ctrl+v. - Page 2 EmptySam 11 Avr - 0:23

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Ela Seaworth
Ela Seaworth
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MessageSujet: Re: ›› le ctrl+v.   ›› le ctrl+v. - Page 2 EmptySam 11 Avr - 22:33

Citation :
Les souvenirs de leur vie passée poursuivaient parfois Aries ; jusque dans les hauteurs d’une mer houleuse, sur le pont du Flying Dragon – parfois, il arrivait au pirate de songer à l’autrefois, ce qu’ils avaient été. Le sentiment que cela lui avait procuré, d’avoir l’esprit totalement dénué de questionnements, de doutes et de remords. Si naïfs avaient-ils été, que cela lui en laissait presque un arôme amer à l’esprit, aussitôt que la réalité revenait se dessiner sous ses pieds. Ces songes n’appartenaient qu’à Aries, tant il se sentait incapable de pouvoir les partager avec son épouse, d’une quelconque manière : sûrement à cause de la distance qui les séparait. Probablement également parce que tout cela n’était pas réciproque : leurs jours heureux avaient fini par être empoisonnés par d’autres plus noirs, une destinée si chaotique qu’elle avait fini par les briser. Le refuge d’Aries était de songer à Eleanor, pour une fraction de seconde retrouver le parfum à son cou, la douceur de ses cheveux – avant de se souvenir qu’elle aussi, lui avait glissé entre les doigts. Disparue à jamais, sans doute elle aussi hantée par des rancœurs assassines à son égard. Ecumer les bordels, ne se confronter qu’à des relations sans lendemain était, somme toute, l’ultime consolation qu’il avait trouvé à cela : se sustenter de la chaleur d’une autre sans avoir celle que l’on voudrait – il s’agissait, somme toute, d’une adaptation toute naturelle qu’Aries avait choisi pour ne pas se laisser, lui aussi, submerger par des ressentiments qui gaspilleraient son énergie. A Nassau, ils le rattrapaient tous cependant, le poignardant comme mille lames chauffées par des flammes rouges ; et l’espagnol se rendait compte à quel point il s’était simplement contenté d’avaler, d’enterrer ses ressentiments pour ne les sentir jaillir qu’aux moments opportuns. L’inconnu était son échappatoire, les bras d’une prostituée qu’il ne reverrait jamais, et à laquelle il ne s’attacherait jamais, l’étendue impétueuse d’une mer qui promettait de le trahir d’une seconde à l’autre, elle aussi ; bizarrement, Nassau lui semblait presque aussi familière et hostile que Londres. La Londres lointaine, ville où les Costello avaient prospéré, ville où le mariage de Serenity et Aries avait encore eu une quelconque signification, ville où les croyances de l’espagnol avaient reposé sur des bases solides, et non pas sur quelques branches d’espoir qui menaçaient de se dérober sous lui d’un instant à l’autre. Croyait-il encore en Dieu ? Aries n’avait guère cherché réponse à cette question ; parfois, en enserrant ses doigts autour du crucifix à son cou, songeant à sa sœur, il était prêt à croire au Saint Père et lui demander de toutes ses forces de veiller sur sa sœur. D’autres fois, lorsqu’il se confrontait à son passé, ces jours heureux qui avaient glissé entre ses doigts, il préférait ne pas y croire. Ne pas croire en un Tout Puissant si cruel avec ses sujets. Quels péchés avait pu commettre leur fils, pour être arraché si tôt à la vie ? Ou Nubia, et chacun des cadets Costello, pour voir leur vie basculer si vite, si dangereusement ? Sur Terre, il ne semblait pas y avoir le moindre Dieu pour faire planer justice parmi les hommes : au final, les meurtriers de son père et de son frère prospéraient toujours, tandis que les trahis, eux, avaient été forcés à l’exil dans un pays qu’ils ne connaissaient guère.

La justice était une notion qu’Aries avait choisi d’oublier depuis un long moment déjà, se défaisant parfois de bribes d’honneur auxquelles il se serait fermement accroché fut un autre temps : combien de navires pirates avait-il coulé sous le drapeau de la Royal Navy ? Depuis ses dix-sept ans, il avait fini par arrêter de compter, persuadé que ce qu’il faisait était juste, et participait à la construction d’un monde civilisé. C’était pourtant ce même monde civilisé qui se déchirait, et qui tuait sans merci. Être au côté de Serenity à cette époque-là aurait pu permettre de limiter les dégâts ; alors que le monde se dérobait sous ses pieds, Aries avait tantôt souffert de solitude, tantôt cherché compagnie n’importe où ailleurs, tournant volontiers le dos à son épouse. Celle-là même qui, une poignée de mois plus tard, avait choisi d’oublier volontiers sa famille, de quitter la terre anglaise qui l’avait vue naître pour suivre son époux. Celui qu’elle avait délaissé pendant tant de temps, et qui n’avait pas manqué d’en faire de même : en emportant Serenity vers d’autres horizons avec lui, l’espagnol avait déjà eu Eleanor pour hanter chacun de ses songes, Eleanor pour alimenter son âme de vie et son désir de survivre. Quel égoïste avait-il été, de laisser son épouse tout jeter à la mer de sa vie pour le suivre ; peut-être aurait-il mieux valu qu’il ne revienne jamais à Londres, ne cherche jamais à reprendre contact avec sa femme. Et la laisse croire qu’il était mort, quelque part, et qu’il était de bon ton de reprendre sa vie, de la reconstruire avec n’importe qui. Un autre capitaine de la Navy, qui nettoierait de tout péché son passé, et ferait oublier à tous – à Serenity elle-même – qu’elle avait été un jour mariée à un traitre espagnol. Peut-être bien était-ce, quelque part, de l’amour qui avait poussé Aries à retourner auprès de Serenity fut un temps, quand il l’a embarquée avec lui, prétextant pour lui-même qu’elle serait considérée comme une traitresse et que sa vie était en danger. Au fond, sa famille aurait trouvé quelque chose pour effacer ce tort à la vie de leur fille ; d’un souffle, les Cavendish auraient fait disparaître l’empreinte du Costello sur l’existence de leur noble enfant. Aurait-il voulu cela ? Aujourd’hui, près de trois années plus tard, et toujours aussi peu de progrès, Aries ne pouvait s’empêcher de penser que ça n’aurait pu être que pour le mieux. Peut-être bien que Serenity aurait pu reconstruire sa vie, avoir d’autres enfants à même d’apaiser la peine née au fond de ses entrailles depuis la mort de leur enfant. Stagner semblait cependant être leur attitude préférée : répéter inlassablement les mêmes erreurs qu’autrefois, cultiver la rancœur dans leurs esprits, et ne jamais la laisser sortir, jusqu’à ce qu’elle empoisonne leur âme toute entière, en plus d’avoir transformé leur mariage en des cendres tristes. Le détestait-elle, parce qu’il l’avait larguée à Nassau sans se retourner ? Il lui serait sans doute impossible de mal la juger à cause de cela – car au fond, ce que Serenity ne savait pas – et ne pourrait jamais savoir – c’était qu’il était reparti pour courir après une autre femme, celle qui avait dérobé toutes les places qu’elle avait autrefois occupées dans son cœur. Dieu avait été ironique aussi sur ce coup, doublant l’époux infidèle en lui faisant subir la même traitrise qu’il infligeait à sa propre épouse.

Et Serenity n’était pas aveugle ni stupide ; la réalité de ce fait vint bien vite se rappeler à Aries à travers les paroles de la jeune femme. Coupable pris sur le fait, il se contenta de soupirer, ravalant ses mots afin de ne les garder que pour lui, et simplement détourner le regard. Ce serait remuer le couteau dans la plaie, que de prétendre l’inverse ; là où, peut-être bien, il avait semé des amantes à la Havane, ici et ailleurs. Qu’importe. Aucune ne restait bien longtemps dans sa mémoire, et il n’y avait pas à douter que la seule trahison qu’Aries avait vraiment commise à l’égard de son épouse restait secrète. Parfaitement ignorée par celle à qui il avait juré fidélité. Celle qui avait pris Eleanor sous son aile pour en faire la jeune femme qu’elle était aujourd’hui – celle grâce à qui leur enfant, Juliet, avait pu survivre, se nourrir à sa faim, prospérer dans une ville aussi misérable que Nassau. La vie se montrait bien ironique parfois – encore une fois, était-ce vraiment l’œuvre du Bon Dieu, que de retourner chaque acte de ses fidèles contre eux-mêmes ? La leçon à toutes ses fautes résonnait amèrement dans l’esprit de l’espagnol. La mention de leur fils suffit à ramener l’amertume dans les entrailles du pirate, qui se déroba bien vite à la caresse de son épouse, son regard cherchant désespérément une issue. Le nom maudit, le nom banni de leurs existences ; depuis combien de temps le prénom de son enfant disparu n’avait pas franchi les lèvres d’Aires ? L’envie de fuir le submergea en une fraction de seconde, plus vivace que jamais, remuant chaque parcelle d’âme de l’espagnol dans une électricité nouvelle – celle qui l’alimentait lorsqu’il prenait la mer pour ne pas se retourner, sans le moindre regret. Si seulement il y était, là, à quelques mètres du Flying Dragon prêt à déployer ses voiles ; Aries monterait à son bord sans même songer à ce qu’il laissait derrière. A Serenity. A Eleanor. Encore et encore, ces mauvaises habitudes qui s’étaient incrustées en lui au fil des épreuves, menaçaient de faire de lui le lâche qui trahissait sans vergogne toutes les promesses qui avaient un jour passé ses lèvres. « Tu es ma femme, Serenity. Ca comptera toujours pour quelque chose. » serait-il seulement un jour capable de récompenser la loyauté de son épouse ? Les mots ne semblaient guère capables de franchir ses lèvres avec tant de facilité que pour sa femme ; Serenity prononçait ces paroles d’amour avec tant d’aisance, là où Aries semblait avoir perdu cela depuis trop longtemps déjà. Il était loin, le temps où il lui murmurait ces mots inlassablement au creux de l’oreille, sans jamais être poursuivi du moindre doute à même de mettre en péril tout cela. Ils s’en étaient nourris, à une autre époque ; et maintenant, Serenity et Aries semblaient tout autant affamés qu’écœurés par les preuves d’amour de l’autre. L’espagnol, lui en tout cas, ne savait plus ce qu’il voulait : fuir l’amour de Serenity, ou se réfugier en son sein ; à jamais s’en détourner, ou donner une chance à ce qu’ils avaient promis d’être éternel, plus éternel encore que leurs corps de chair. De ses mains, il vint enserrer les doigts de Serenity, avec l’allure de ces vieux contacts qu’ils n’avaient pas eus depuis si longtemps. Trop longtemps, peut-être bien. « Je ne veux pas te mentir. J’ai… fait des erreurs. » vibraient en lui des assurances qui murmuraient cela autrement ; des erreurs, peut-être bien dans une certaine limite.

Certaines pourtant, qu’il se sentait incapable de regretter : qu’importait combien il promettait la vérité à son épouse, Aries savait déjà qu’il serait incapable de respecter ces mots. Il espérait au moins qu’elle ne lui demande guère de compte ; car au final, quand bien même Eleanor et lui avaient été condamnés à ne plus avoir de futur depuis des lustres déjà, il ne comptait pas réduire à néant la réputation de la jeune femme. Ou même la chance d’une vie meilleure, celle-là même que lui avait offerte Serenity elle-même. « Nous savons tous les deux que tout n’est pas ta faute. J’ai manqué à mes promesses bien souvent également, et j’ai bien trop pris le réflexe de blâmer tous les autres pour ce que j’ai fait. » le temps qui court, la guerre entre ses pays d’appartenance, Eleanor, les caprices d’une mer bien vaste. Finalement, c’était surtout de son propre chef qu’il avait fui, toujours fui les affrontements avec Serenity, les complications de leur mariage, les brisures irréparables dans leurs cœurs. Du bout de ses pouces, il dessina les contours des doigts de la jeune femme, son regard subitement happé par ce qu’il faisait, sa redécouverte de tracés d’autrefois, presque oubliés. Et pourtant si familiers à son corps, sa peau, chaque parcelle de son être. Après de longues secondes de contemplation silencieuse, le pirate finit par lâcher les mains de son épouse, la délivrant de l’emprise qu’il avait exercée jusque-là. Aries recula d’un pas, pivotant sur ses pieds pour parcourir quelques pas, tenter de reprendre son souffle dans la précipitation presque chimique de ses ressentiments. « Ne nous battons pas. Pas aujourd’hui. » peut-être était-ce là l’espoir qu’il n’avouerait jamais ; ne pas se battre, abandonner tout conflit avec Serenity pour tenter de retrouver autre chose. Ou de ne pas avouer ce qui pourrait être trop douloureux. Quel était l’intérêt de briser le cœur de Serenity, de parler d’Eleanor, remuer tout ce qu’elle avait éveillé de nouveau en lui, alors même qu’elle n’était plus qu’une chimère ? Un rêve qui s’était envolé, d’autre chose – quelque chose qu’ils auraient pu avoir, si seulement tant d’années n’avaient pas couru si vite. Peut-être bien que le temps était à blâmer, quelque part dans l’équation : il avait cette influence bizarre sur les choses, polissant le chagrin et rendant plus douloureuses les vérités, plus vivaces les trahisons tues. Nostalgiques, les âmes fuyardes. Londres et ses assurances semblaient se dessiner devant ses yeux, pour une fraction de seconde à peine ; Aries oscillait sans cesse entre la mélancolie d’autrefois, et le rejet de tout ce qui l’avait amené où il était. Un pirate, un fugitif. Un mercenaire qui ne croyait plus en la justice. Un époux qui ne croyait plus au miel des mots d’amour, ou des vœux de mariage prononcés il y a plus d’une décennie de cela. « Venir ici, ça me fait penser à plein de choses. Quand la vie était plus facile. » quand il savait plus aisément dire certaines choses, être sûr d’au combien il l’aimait. « J’ai trop souvent l’impression que c’était dans une autre vie. » conclut-il en se retrouvant assommé par la réalité, s’asseyant à nouveau à la place qu’il avait quittée il y a une poignée de minutes à peine. Lessivé, encore épuisé par sa veille alcoolisée, Aries soupira, ses mains glissant avidement sur son visage, les traits fatigués de celui-ci. Il n’était plus le même qu’autrefois. Et Serenity non plus, n’était plus la même. Indéniablement, en quatorze ans, ils étaient plus vieux.
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Baldwyn Godfrey
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Aliénor McKay
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Baldwyn Godfrey
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Ela Seaworth
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Baldwyn Godfrey
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Ela Seaworth
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Chaque goutte de pluie venait avec son pesant. De peine, de questionnements, de culpabilité. Les sentiments qui lacéraient les entrailles de la rousse se pressaient en elle comme la mer secouée par la tempête, qui venait irrémédiablement s’écraser contre des roches tranchantes. Finirait-elle ainsi, écorchée vive par les conséquences de ses actes ? Aussi ardemment qu’Ela désirait fuir ces songes, ils la poursuivaient avec férocité, se rappelant à elle lorsqu’elle se réveillait, le nez dans un oreiller portant l’odeur de Phineas Boswell. Lorsqu’elle croisait le chemin de Delilah dans la grande demeure de ses maîtres. Lorsque celle-ci ouvrait la bouche pour prendre la parole, ou aussitôt que l’un d’eux lui faisait la moindre faveur. Toute sorcière qu’elle était, la rousse s’était engagée dans un chemin inconnu, et sans même peser les conséquences de ses actes, ou tenter de discerner la raison dans le brouillard de ses cauchemars : tout ce dont elle avait eu conscience au moment de prendre sa décision, c’était de l’état pitoyable dans lequel elle s’était sentie. Le cœur brisé, les larmes glissant sur ses joues rougies, l’amertume née de sa stupidité – n’importe qui, sans doute, aurait pu faire preuve d’un quelconque discernement et ne pas agir sur un instinct incontrôlé, glissant entre ses doigts sous l’impulsion de la déraison. Comment revenir en arrière, racheter ses actes ? Déjà, cette chance lui avait échappé : Phineas Boswell était de ces hommes portant fièrement sa religion comme conviction, ce qui faisait de lui un homme honorable, plutôt qu’un fanatique – il n’en restait pas moins que si l’homme venait à découvrir qu’une sorcière lui avait ensorcelé le cœur, les conséquences n’en seraient que désastreuses. Enivrée, la jeune femme laissait toute conscience s’envoler, lorsqu’elle sentait les preuves d’amour de Phineas – preuves factices, lui rappelait sa conscience aussitôt que la nuit frivole s’était achevée, et que sous l’aube rose, elle observait les traits immobiles de l’homme dont elle était la maîtresse. Peut-être même qu’il n’avait jamais voulu d’elle, qu’il avait toujours été loyal et fidèle envers sa femme, une Delilah forte et brave qui avait affronté vents et marées, l’inconnu de New Providence pour lui. Calculer tout ce qu’elle avait arraché aux Boswell dans son malheur, ne faisait que remuer le couteau dans la plaie béante née dans le cœur de la rousse. Cette lame froide qui s’était fichée entre ses côtes aussitôt qu’elle avait reconnu le visage, presque floué à son esprit, de son fiancé. Son fiancé supposé être loin, si loin d’elle – loin de Nassau, déchiré tout autant qu’elle par le chagrin à l’idée de ne pas la revoir. Pas avant sept longues années. Les sept années de servitude dans la marine qu’on lui avait imposées pour faire pénitence de ses crimes. A quoi tout cela avait rimé, alors ? Chaque jour en observant son reflet dans une vitre, un miroir ou même la brillance de l’argenterie des Boswell, Ela se demandait pourquoi elle portait encore le pendentif que Rafael lui avait offert ; l’ultime promesse qu’il lui avait faite. De lui revenir, tant qu’elle ne l’oubliait pas. Et elle avait passé, quatre longues années à ne pas l’oublier ; à rejouer les scènes de leur bonheur, à se souvenir des traits de son visage. Rafael et les myosotis, la promesse de la rousse de ne jamais l’oublier.

Si adolescente qu’elle avait été à l’époque, aujourd’hui c’était une autre histoire : autour d’elle, la plupart des femmes simples de son âge étaient mariées, destinées à connaître la vie de famille. Là où Ela s’était accrochée à une loyauté factice, elle n’avait plus rien désormais. Rien d’autre que les promesses murmurées par un homme sous l’influence d’une potion qui lui retournait l’esprit : en s’évadant du manoir des Boswell, l’impétueuse permettait à ses songes et ses questions de virevolter dans tous les sens, voguer autour d’elle à la recherche d’un éclat de lumière quelconque. Mais aujourd’hui, sous la pluie battante de la tempête tropicale, il ne semblait y avoir guère de lumière ; aucune réponse adéquate, aucun signe du Ciel pour lui répondre – si tant est que Dieu ait pu exister sans qu’elle n’y croie plus jeune, aujourd’hui il avait sans doute fini par ne plus croire en elle non plus. Qui le pourrait encore, en sachant toute la vérité ? La pure et dure vérité, de chacun des actes stupides d’Ela et des conséquences désastreuses qu’ils finiraient tôt ou tard par amener ? En frappant à la porte de Perceval, la sorcière savait déjà que c’était là, une toute nouvelle épreuve qui s’imposait à elle : l’habitude de se confier à cet homme était comme ancrée en elle, un réflexe qui vibrait dans chaque part de son corps et manquait de la trahir à chaque fois qu’elle l’observait plus d’une fugace seconde. Ela le savait, car plus que jamais elle était décidée à fuir la présence de son ami, son confident – celui-là même qui avait dû la trouver bien idiote à attendre après un homme qui avait pris place dans un navire de la Marine Royale pour ne revenir qu’une décennie plus tard. Et il avait eu raison, de la trouver idiote : aujourd’hui, toutes les preuves accablaient Rafael, et à chaque souvenir qu’elle ressassait, Ela se heurtait à la brute vérité. Il y avait eu des mensonges, quelque part dans les paroles de son fiancé, l’homme auquel elle s’était accrochée avec tant de force, alors que lui, sans doute, avait été bien heureux de se débarrasser d’elle en quittant Nassau. Fuir le jugement de Perceval s’avérait plus aisé que de l’affronter ; Adelaide n’avait jamais été brave, et quand bien même il lui était difficile de l’admettre avec des mots brutes, le regard que son ami posait sur elle avait plus d’importance que n’importe quelle attention de la part du reste du monde. Il lui faisait confiance, il l’avait tant protégée, toujours avec cette part d’altruisme qui n’existait qu’en bien peu de personnes – pas même en Ela. L’altruisme n’était sans doute pas la qualité à même de mieux la qualifier, elle qui mentait à ses proches, prétextant la crainte de finir comme sa mère pour se méfier de ceux qui lui avaient déjà maintes fois prouvé qu’elle n’avait aucune raison d’avoir peu d’eux, ou de douter de leurs paroles. Tout ceci n’était que mascarades pour cacher sa lâcheté, un bien pathétique défaut, plutôt qu’une qualité quelconque. L’apparition de Perceval dans la noirceur de ses songes, ne manqua pas de réchauffer l’intérieur de ses entrailles, étirant un inconscient sourire au coin des lèvres de la rousse ; elle en oublia presque l’apparence désastreuse dans laquelle elle devait se présenter ici, ou même le froid qui paralysait chacun de ses membres et brûlait presque sa peau.

C’est seulement sous le toit de la petite maison de l’ébéniste, alors qu’il claquait la porte derrière elle, qu’Ela sentit les frissons s’intensifier, les regrets s’ajoutant brusquement à toutes les manifestations physiques de l'hypothermie dans laquelle elle avait manqué de sombrer. Où est-ce qu’elle avait eu la tête, en effet ?! Ses doigts se resserrant sur le tissu de sa cape, Ela s’emmitoufla encore plus dans celle-ci, quand bien même l’entreprise était inutile, et la frigorifiait plus qu’autre chose. Venir ici n’avait pas été une bonne idée, plutôt une option de désespérée qui n’avait pas fait attention à la vitesse du vent, ou à la façon dont le ciel avait changé. L’imbécile ! C’était bien la première fois qu’une telle chose lui arrivait, elle qui avait pu se targuer pendant toute sa vie de ne jamais s’être faite piéger par une de ces légendaires tempêtes qui frappaient l’île. Elle rejoignait les rangs de ces imbéciles qui ne faisaient jamais attention, et prenaient le beau temps de Nassau comme acquis. Rien n’était jamais acquis, dans la nature comme dans la vie ; Ela en avait tant fois fait l’expérience, qu’elle n’aurait pas dû être si surprise, si désarçonnée par la trahison de Rafael. Chaque attention de Perceval ravivait les flammes de son âme ; et quand bien même la veste qu’il avait posée sur ses épaules ne faisait que presser contre sa peau ses vêtements mouillés, elle n’en restait pas moins un réconfort qu’elle n’aurait jamais pu trouver ailleurs. Elle avait encore le sentiment d’être étrangère dans cette maison, alors qu’elle était venue si souvent déjà ; Ela connaissait les moindres recoins de l’habitation de Perceval, il n’en restait pas moins que c’était lui, et uniquement lui qui la faisait se sentir bienvenue dans un endroit pareil. Muette et docile, elle avait encaissé les signes d’agacement de l’homme face à elle, et apprécié chaque douceur qu’il avait apposée à son corps : le baiser sur son front, la veste qui, quand bien lourde, la faisait presque se sentir blottie dans des bras réconfortants, et ce n’est que lorsque Perceval cessa de s’agiter dans tous les sens qu’Ela prit conscience des secondes qui s’étaient égrenées. L’après-midi était passé à toute vitesse, mais les dernières secondes de sa vie venaient de passer plus vite qu’un clignement d’œil. L’épuisement la prit soudainement, et les jambes de la rousse faiblirent ; elle s’agenouilla à quelques centimètres du feu, observant le délicat brasier qui crépitait dans son antre – un tout petit feu, en comparaison de ceux, gigantesques et brûlants, qu’elle avait eu l’habitude de faire dans son chez elle, à une autre époque. « Je ne voulais pas t’inquiéter. Ou t’embêter. » remarqua-t-elle, en quelques trémolos dans la voix, toujours en fixant les flammes, comme si elle s’adressait au petit feu de cheminée qui la réchauffait. Il était incroyable de constater à quel point il parvenait à faire fondre les résistances de la rousse : ici, elle se sentait apte à s’endormir en une fraction de seconde, là devant le feu, et laisser le sommeil venir à elle sans craindre d’être poursuivie par des cauchemars ou une quelconque culpabilité. Pas pour l’instant, du moins ; pas tant qu’elle continuait à vivre avec cette image impeccable qu’il avait d’elle – la douce et gentille rouquine, si jeune, si fragile qu’il l’avait prise sous son aile.

Quelle triste mascarade. Elle était une sorcière ; ce que certains appelaient volontiers un monstre, un crime pour lequel sa mère avait été torturée et noyée juste sous les yeux de ses filles. Ce même crime qui avait fait basculer sa vie, sa famille dans l’horreur : et pourtant sa mère avait toujours été douce et clémente, altruiste. Comme Perceval. Et les mauvaises choses n’arrivaient toujours qu’aux gens bien. « Je suis désolée. » reconnut-elle finalement, une confession qui glissa d’entre ses lèvres alors qu’enfin, elle tournait la tête pour observer son ami. A la lueur du feu, elle força un sourire à apparaître sur ses lèvres, se laissant glisser sur le sol pour venir attraper la main de Perceval, glisser ses doigts froids dans une prise chaude et rassurante. « Je ne pensais pas-. » elle s’interrompit un moment, observant Perceval. Elle ne pensait pas que ça pouvait l’inquiéter de ne pas la voir pendant un temps, ou même qu’il puisse un jour prononcer les vérités qui avaient passé sa bouche il y a peu. Elle lui avait manqué ; mais peut-être moins qu’il ne lui avait manqué, lui ; le compas à sa vie, celui pour qui elle avait toujours voulu discerner le bien du mal. Une frontière qui était devenue bien floue dans sa vie, depuis peu de temps. Mais aucune sagesse, venue de Perceval ou d’où que ce soit ailleurs ne pourrait soigner son cœur blessé, ou répondre aux plaintes de son âme qui cherchait désespérément à sentir quelque chose à nouveau. Une chaleur qui n’avait toujours été que factice à sa vie : les mensonges de Rafael quand il lui murmurait des mots d’amour ou ceux, inconscients, de Phineas Boswell quand il était sous l’emprise du philtre d’amour. « Je vais venir plus souvent. » son sourire s’élargit, et doucement elle pressa la main qu’elle tenait encore entre ses doigts ; « je n’aurais pas dû venir comme ça. » à l’improviste, ou laissant planer autour d’elle l’impression que ça n’avait pas été voulu – mais plutôt forcé par la pluie qui était tombée drue et qui l’aurait tuée avant même qu’elle n’ait pu arriver à South Hamilton. S’il y avait bien eu une relation qui lui avait paru naturelle depuis le départ de Rafael, c’était son amitié avec Perceval ; Ela l’avait tant chérie, la chérissait encore tant, qu’elle avait voulu la protéger de ses péchés récents. D’une bien piètre manière, somme toute : avec déraison, comme d’habitude, comme elle savait si bien le faire. Un léger rire passa ses lèvres, alors qu’elle s’était assez rapprochée pour venir déposer une de ses tempes contre l’accoudoir du fauteuil où il était assis – quelque chose dans les flammes rouges, ou dans l’atmosphère était apaisant. Quelque chose ; ou tout, Perceval, son aura, sa maison, les crépitements de la pluie, l’assurance que rien ne viendrait briser cet instant. « Je vais me rattraper et te montrer que je peux être une bonne invité. » un coup d’œil autour d’eux lui suffit ; elle se redressa, se débarrassant du sac qu’elle avait emmené avec elle, et chargé d’herbes diverses « je parie que tu n’as rien mangé de la journée. » elle non plus, en vérité, et c’était bien la première fois depuis longtemps qu’il n’y avait plus ce nœud dans son estomac, cette gêne qui la privait de tout appétit, et arrachait à la vie tous ses arômes.
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Baldwyn Godfrey
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MessageSujet: Re: ›› le ctrl+v.   ›› le ctrl+v. - Page 2 EmptyLun 20 Avr - 15:53

Citation :
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MessageSujet: Re: ›› le ctrl+v.   ›› le ctrl+v. - Page 2 EmptyMer 22 Avr - 0:55

Citation :
il y avait bien des choses auxquelles Ela demeurait ignorante, sans même en avoir honte. Elle, elle connaissait d'autres choses, que Perceval ignorait sans doute.
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Cúchulainn O'Keeffe
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