nothing left to say≈ 001. Fils d'aristocrates, Woodes vivait autrefois dans le luxe mais ne trouvait son bonheur que dans la débauche et la perversion. Très tôt, il a été amené à se plonger corps et âme dans toute cette pagaille qui constituait sa propre vie ; enfant choyé et aimé plus que de raison par sa mère, cette dernière possédait une grande influence sur son époux, l'incitant à laisser leur fils unique vivre sa vie. Étant incapable d'avoir un autre enfant, Mrs Hawkins n'avait cure de ce que pouvait bien trafiquer son gosse – tant qu'il était heureux, tout lui convenait. ≈ 002. Son éducation tranchait allégrement avec ce qu'il pouvait faire de son temps libre. Il se battait, s'amusait à tuer des animaux avec les autres petits gueux qui traînaient autour de leur demeure. Son vocabulaire recherché entrait en contradiction avec les morveux qu'il fréquentait et l'attitude qu'il se donnait. Très droit, presque exemplaire parmi ces souillons, il jouait d'apparences trompeuses afin de ne jamais attiser les soupçons de son géniteur qui voyait en lui un bon à rien. ≈ 003. Alors âgé de dix-neuf ans, alors qu'il cherchait de nouveau à ressentir la fougue que lui apportait le combat, un malheureux coup d'épée l'a rendu aveugle de l'oeil droit. Une cicatrice barre d'ailleurs bien son front, sa paupière et sa pommette. Une blessure de guerre, comme il l'aime l'appeler. Il ne conçoit pas sa cécité partielle comme une tare, bien au contraire, à ses yeux une telle perte prouve qu'il a un véritable passé en tant que voyou de bas-étage. L'histoire ne dit toutefois pas où est passé l'imprudent qui lui a infligé cette épreuve « magique ». ≈ 004. Jusqu'à ses vingt-cinq ans, Woodes vivait sous la coupe de ses parents. Il entretenait deux vies et, si l'une lui apportait le faste dont il avait besoin, l'autre avait pour effet de le faire sentir enfin vivant. Lorsqu'il a ouï dire que son cousin, Harley Oaken, avait retourné sa veste au profit de la piraterie, il a enfin entraperçu la possibilité de devenir l'homme qu'il était réellement. Ni un homme bienveillant, ni un bon à rien. Il a rejoint son équipage sans demander son reste. Adieu père, adieu mère. Allez bien vous faire foutre. ≈ 005. Peu – voire pas – de personnes parviennent à saisir ce que ressent Woodes ; la réponse est pourtant claire, il ne ressent strictement rien. Seuls les massacres et les pillages violents lui apportent un minimum de sensations et de cela, il en est dépendant. Sa cruauté s'est miraculeusement amplifiée depuis qu'il est à la tête du Jolly Ranger. ≈ 006. Entre 1704 et 1705, Woodes a essayé de monter une mutinerie contre son cousin (et capitaine de surcroît). S'il a réussi à ramener quelques hommes derrière lui, il n'a pas eu le temps d'accomplir ses sombres desseins et a préféré la planche à la mort. Il a nagé jusqu'à la première terre et a été sauvé par un bonhomme qui, par la force des choses, est devenu son premier quartier-maître. ≈ 007. Courant 1705, il s'est afféré en compagnie de ce nouveau compagnon à rassembler tous les fieffés truands qu'il rencontrait afin de former l'équipage qu'il désirait, à savoir des hommes qui n'avaient cure d'orchestrer le mal le plus acide. En 1706, il s'est toutefois aperçu que ce n'était pas chose aisée et, même s'il a revu ses attentions à la baisse, il s'est empressé de se débarrasser de son quartier-maître dès qu'il a su que ce dernier s'apprêtait à le dépecer. ≈ 008. A bord du Jolly Ranger, Woodes Hawkins navigue fièrement. Il voue une haine palpable à l'égard de son cousin et n'hésite pas à envoyer son nouveau (et sans doute plus fidèle) quartier-maître à sa rencontre pour échanger. S'il y allait, sans doute lui couperait-il les couilles – en l'honneur du bon vieux temps, of course. ≈ 009. Woodes n'est pas homme à parlementer, ni même à contredire. En s'engageant sur le Jolly Ranger, les marins sont assurés de vivre un calvaire s'ils ne se montrent pas dignes de ce que leur capitaine a vu de prime abord en eux. Pour cela, il n'acceptera jamais les femmes sur son bateau : n'étant que de petites choses faciles à abattre, faciles à abuser - et il est superstitieux qui plus est, pour arranger l'tout. ≈ 010. Ses qualités sont moindres, ou difficilement décelables. Woodes apprécie s'entendre dire qu'il a beaucoup de compassion à l'égard de ces gosses tués ou de ces catins violées, car il a certainement exaucé leurs souhaits en abusant d'eux (de manière définitive ou « simplement » sexuelle). Il ne cherche pas à justifier ses actes, n'ayant finalement cure de la manière dont il peut agir, tant qu'il se sent là, ici, réel. ≈ 011. Son arrogance est sans doute ce qui le mènerait à sa perte. Il n'est pas immortel même s'il aimerait croire le contraire, et il a déjà failli y passer plusieurs fois, toujours sauvé par un pauvre blaireau qui voyait en lui quelqu'un de secourable.