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DESCRIPTION DU COUVANT DES SERVÎTES DE MARIE


Le Couvant Dominicain des Servîtes de Marie a été construit en 1694 afin d’accueillir les filles des marchands et des aristocrates espagnols qui comptaient s’installer sur Nassau. S’entendant sur 5900m² il possède une grande cour intérieure dans laquelle pousse des vignes, qui produisent un vin assez mauvais si on le compare à celui du vieux Continent, mais extrêmement bon par rapport aux piquettes qui sont servis dans les tavernes de New Providence. L’entrée est protégée par une imposante porte en bronze, très difficile à faire bouger. On retrouve deux églises à l’intérieur de l’édifice, une assez grande d’environ 35m² et une autre plus confidentielle d’environ 25m² située juste en dessous des habitations. En parlant des habitations, celles-ci mesure 2800m² on y retrouve une quinzaine de chambres assez étroites généralement partagées par deux ou trois nones. Seule la Mère Supérieure à la chance de pouvoir se reposer dans une chambre individuelle qui est en revanche plus petite que les autres. Sous le couvent une petite crypte abrite le tombeau de la toute première mère supérieure. Autour de l'édifice on retrouve un petit champ de blé extrêmement modeste qui permet tout de même aux sœurs de produire du pain et de la bière qu'elles revendent généralement aux aubergistes de la région.


CHAPITRE I : LA FUITE


« Père ou allons-nous ? » J’étais morte de peur et je ne comprenais pas pourquoi me père m’avait fait quitter la demeure familiale en pleine nuit, sans même me laisser temps d’appeler mes domestiques ou de réunir mes affaires moi-même. J’étais terrifiée et en robe de nuit lorsque mon père me souleva pour me faire monter dans la diligence. Les cheveux s’enfoncèrent donc dans les ténèbres de la nuit et ils galopèrent jusqu’à la ville de Bordeaux. C’est là-bas que j’ai embarqué à bord d’un navire français qui devait aller chercher des épices dans les caraïbes et une fois en mer j’ai pris mon courage à deux mains et je lui ai demandé pourquoi il avait abandonné ma mère et pourquoi il voulait absolument quitter l’Europe :

« Ecoute ma fille… Nous ne sommes plus les bienvenues en Espagne ! J’ai commis une erreur en m’alliant avec le Roi de France et aujourd’hui nous devons absolument nous mettre à l’abri dans le Nouveau Monde, nous reviendrons peut-être lorsque les français auront gagnés la guerre. »

Mais pourquoi avait-il fait cela ? Mon dieu pourquoi ? Je le croyais fidèle à la Couronne d’Espagne, mais de toute évidence il avait été manipulé par ma belle-famille français ; c’était la seule solution plausible pour expliquer la situation dans laquelle je me trouvais J’aimais mon père de tout mon cœur et je ne voulais pas commencer à détester mon père pou des choses pareilles. Malheureusement je me suis aujourd’hui rendue compte que mon père a agi ainsi pour se remplir ses poches et qu’il n’a jamais pensé aux conséquences que cette fourberie pourrait un jour avoir sur sa famille.


CHAPITRE II : L'ABANDON

Nous, nous étions installés à Nassau ; j’avais réussis à oublier notre fruite et nous commencions à revivre comme autrefois… Malheureusement la réputation de mon père le rattrapa et des soldats espagnols furent envoyés dans les Caraïbes pour le mettre sous les verrous ou pire. « Père ou allons-nous ? » La même question qu’il y a un an et demi… Et encore aucune réponse. Je n’en pouvais plus de devoir suivre cet homme instable comme un simple animal de compagnie… Je voulais le gifler et partir suivre ma propre route, mais il tenait bien mon bras, il me faisait mal et je ne pouvais pas me dégager, ce n’est qu’après une course folle d’une demi-heure qu’il me poussa vers le couvant des Servîtes de Marie, il voulait que j’intègre les ordres pour ne pas avoir à subir le courroux de ses futurs bourreaux… Je n’en avais aucune envie… J’avais déjà passé quelques années dans un couvant lorsque nous étions en Espagne et j’avais compris que cette vie était loin d’être faite pour moi. Je fis de mon mieux pour ne pas le tuer… Mais malgré tout mon armure se brisa quelques minutes plus tard :

« Père je vous hais ! Nous avions tout et à cause de vous… Nous ne sommes plus rien ! A cause de vous je vais gâcher ma vie dans un couvant… Vous êtes un monstre père ! Un monstre ! Vous ne méritez pas mon respect. »

Malheureusement le fugitif ne prit même pas le temps d’écouter le discours de son enfant, il tourna les talons et s’enfonça dans les ruelles sombres de Nassau ; il était certainement bien décidé à prendre un navire de commerce afin de se cacher dans une autre île ou alors de demander grâce auprès du Roi de France.  Mais quelque chose me disait qu’il ne reviendrait jamais me chercher… Qu’il allait m’abandonner dans ce maudit couvent et me laisser dépérir.

CHAPITRE III : LA FOI

« Marie dit: Je suis la servante du Seigneur ; qu'il me soit fait selon ta parole! Et l'ange la quitta. »  Après ces quelques mots, la vieille Mère Supérieure referma sa bible, je la regardais avec admiration, cette femme avait plus d’un demi-siècle lorsqu’elle traversa l’océan Atlantique pour fonder ce couvant. Quel courage ! En la regardant je me disais qu’elle était la preuve de l’existence de Dieu, que son courage venait de l’amour que lui portait le Très-Haut. Je n’avais pas choisis de devenir none, mais je commençais à accepter mon sort après tout la Sainte Vierge n’avait-elle non plus pas demandée à être la mère de l’enfant que l’on nomme Jésus Christ et pourtant elle accepta son sort avec beaucoup de dignité. Et si je voulais être digne de son amour, je devais être aussi fière, digne et dévouée qu’elle, même si cela n’était pas toujours très simple.

« Mes Sœurs sachez que c’est la dernière messe que je prononcerais dans ce couvant. Je suis une bonne catholique, mais je ne veux pas passer une journée de plus sur cette île qui est depuis quelques temps devenu le paradis des pêcheurs. J’embarquerais à bord d’un navire aux premières lueurs de l’aube. »

Des murmures commencèrent alors à se faire entendre et toutes mes bonnes résolutions s’envolèrent. Pourquoi fuyait-elle ? Pourquoi le faisait-elle alors que Nassau avait plus que jamais besoin de retrouver gout à la religion ? Et même si j’étais perdue dans mes pensées, je pouvais entendre les autres religieuses murmurer et s’affoler.

« Mais ne vous inquiétez pas. Je sais qu’il y a encore beaucoup de place sur ce navire, alors si jamais il vous reste encore des objets précieux, des objets de votre ancienne vie… N’hésitez pas à les revendre pour quitter ce lieu maudit, le plus rapidement possible. »

Alors la Mère Supérieure était comme cela ? Elle avait bafoué son vœu de pauvreté en revendant des effets personnels pour quitter Nassau ? Et mes sœurs allaient faires pareil ? J’avais du sang bleu dans les veines, mais mon père avait tout perdu, je n’avais absolument pas les moyens de quitter ce maudit couvent et je savais très bien que de nombreuses femmes étaient dans le même cas que moi. Nous étions une dizaine et nous étions condamnées à rester dans ce couvent malgré la prise de pouvoir des forbans.