Nassau, New Providence - 1710.
Une vieille carte usée entre les mains, le Capitaine Worley fixait l’horizon, un sourire satisfait dessiné sur le coin des lèvres. Enfin, il touchait à son but. Le trésor de Lowther n’était qu’une légende aux yeux de nombreuses personnes. On disait que ce n’était qu’une histoire bonne à raconter aux enfants, mais Worley y avait toujours cru : toute légende est basée sur une histoire vraie. La légende disait que Lowther était parti en mer avec son équipage et qu’après avoir affronté sirènes, il aurait mis la main sur un trésor promettant prospérité à lui ainsi qu’à son équipage jusqu’au restant de sa vie. Cependant, l’histoire raconte aussi qu’il n’aurait jamais réussi à rejoindre la terre ferme. Son bateau aurait été emporté par la colère de la mer et son trésor aurait coulé avec lui. Depuis, tous ceux qui auraient tenté d’atteindre ce trésor auraient mystérieusement disparu, sans laisser de traces derrière eux. Ce trésor existait forcément et ni les sirènes et leur chants envoûtants, ni la mer et sa colère destructrice ne lui faisaient peur. Worley allait trouver ce trésor et il serait l’homme le plus riche de Nassau.

« Shields est mort. » Un silence tendu s’installa dans la pièce. Un membre de l’équipage venait de mourir. Deux étaient déjà morts les quelques nuits plus tôt, une coïncidence rien de plus, mais trois ? On commençait à se poser des questions et pas seulement au sein de l’équipage. Déjà les regards accusateurs des habitants de Nassau se posaient sur l’équipage du Rover. On disait qu’ils avaient ramené avec eux une malédiction en ville. Quand leur or coulait à flots dans la taverne du coin, personne n’avait rien dit, personne sauf la vieille Deakin, mais tout le monde pensait qu’elle était folle, alors personne n’avait fait attention à ses paroles. Cette fois pourtant, on commençait à penser qu’elle avait raison et si les membres de l’équipage du Rover mourraient les uns après les autres, on se demandait, qui seraient les prochains ? Le capitaine Worley lève les yeux au ciel d’un air agacé. « Ce ne sont que des balivernes ; aucun trésor n’est maudit. » En bon capitaine, il avait la fierté d’avoir trouvé un trésor convoité depuis longtemps et il ne voyait que de la jalousie dans les accusations du reste de la ville. Son trésor n’était pas maudit et pour l’heure, lui et ses hommes étaient les plus riches de Nassau et c’était tout ce qui comptait à ses yeux. La légende n’était qu’une légende et les pièces continuaient de glisser entre ses doigts.