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MERCI DE PRIVILÉGIER LES HOMMES SUR LES NAVIRES ET LES FEMMES A TERRE ! Il y a également de nombreuses choses possibles pour les femmes à terre ;)
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 (eleanor), heart rate, sky high. time flies.

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Aries Costello
Aries Costello
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MessageSujet: (eleanor), heart rate, sky high. time flies.   (eleanor), heart rate, sky high. time flies. EmptyDim 15 Mar - 21:01

everything beautiful brings her to mind

could i be, was i there ? it felt so crystal in the air. i still want to d r o w n, whenever you leave. please teach me gently, how to breathe. and I'll cross o c e a n s, like never before so you can feel the way I feel it too. and I'll mirror images back at you, so you can see the way I feel it too. w/eleanor risley & aries costello.

Mettre pied à terre, revenait à laisser le temps le rattraper ; Aries sentait déjà peser sur ses épaules les jours, les semaines, quelques poignées d’infini qui s’étaient écoulés. L’échappatoire qu’était le Flying Dragon n’avait été qu’un moyen de gagner du temps, et le retour à la réalité n’en était que plus brutal. Nassau ; sans impatience ni saveur acidulée au bord des lèvres, l’homme avait laissé son regard écorcher le moindre bout de terre qu’il était destiné à fouler. A moins qu’il n’accepte l’option de toujours rester à bord du navire qui lui faisait désormais office de foyer – si la perspective n’était pas déplaisante en soit, il y avait quelque chose de stable, de vrai à poser les pieds sur terre. Une sensation qu’il avait toujours particulièrement eue en affection, l’amour pour la mer s’étant glissé en lui par la force des choses – tout comme son amour pour Serenity : Aries s’était adapté pour survivre, à défaut de tomber en décrépitude pour marquer une quelconque rébellion contre l’ordre des choses. Il s’était acclimaté à la mer, son épouse ; toutes les promesses d’avenir, que d’autres lui avaient faites. Il était aussi coulant que ces créatures capables de changer de couleur selon leur milieu, apte à s’acclimater dans ces milieux vers lesquels il n’aurait jamais tourné la tête, si on lui en avait laissé le choix. Vers quoi d’autre serait-il allé, alors ? Une question qui avait irrémédiablement échappé au Costello à chaque fois qu’il avait essayé de dessiner les contours de cette possibilité ; liberté. Liberté d’un paria désormais, de choisir la vie qu’il voulait. Bafouer les vœux de son mariage, bafouer les vœux faits à la mère patrie qui l’avait accueilli. Les promesses faites à son père – d’être toujours un homme honorable, un homme droit, un homme capable de se regarder dans le miroir. Bien entendu, il n’avait aucun mal à croiser son propre reflet, s’attardant des fois par excès de zèle pour lisser quelques mèches rebelles à sa moustache, ou s’inspecter rapidement, force de l’habitude ; d’avoir toujours un minimum de prestance. Son instinct avait été automatiquement attiré par la mer, les voiles gigantesques du Flying Dragon ouvertes au vent qui l’amènerait ici ou là. Loin de la terre, curieusement. Voguer sans revenir avait été une bonne opportunité, qu’il avait saisie au vol, se dressant comme ces dangers et ces menaces dont la Navy n’avait eu de cesse de lui parler, lors de sa formation auprès d’eux. Les pirates sans foi ni âme ; qu’est-ce que son patriarche pourrait penser de cela ? De son dernier fils vivant, qui dérobait les richesses de l’empire britannique sans vergogne, gonflé par le désir de vengeance ? Son père ne pouvait plus rien penser ; car c’était ce même Empire qu’il avait tant défendu, qui l’avait trahi, pendu sur la place publique.

En abandonnant son épouse ici, Aries s’était demandé si elle finirait par le détester ; si elle commencerait à avoir en haine tout ce qui le représentait – ses origines profondément espagnoles qui l’avaient poussée à l’exil. Les promesses en l’air qu’il faisait trop souvent, ou encore cette irrémédiable façon qu’il avait de répondre à l’appel marin. Cette lascive appartenance dont il n’avait pas voulue au départ, lorsqu’ils s’étaient rencontrés pour la première fois, bien plus jeunes et bien plus candides qu’ils ne l’étaient désormais. Il aurait pu revenir plus tôt. Il aurait pu rester ici. Ils auraient pu essayer, de ranimer ces petites braises encore chaudes de leur passé ; dévisager Serenity ramenait inlassablement aux prunelles sombres du pirate, la façon dont son visage s’était effondré après la mort de leur fils. Le soin avec lequel Serenity s’était laissée tomber, la beauté de ses traits s’effritant au profit de cheveux emmêlés, d’un regard vide et désespéré – d’elle, flottant dans des robes toutes plus splendides les unes que les autres, mais auxquelles elle ne répondait pas comme à l’ordinaire. Il y avait eu un temps où il l’avait trouvée resplendissante, une lumière, une chaleur confortable émanant d’autour d’elle comme un toucher divin. Tout ceci s’était évaporé sous le coup du chagrin ; peut-être pas seulement le sien à elle. Le sien à lui également, toujours là, palpitant dans ses veines et empoisonnant chaque regard qu’il posait sur elle. Jamais Serenity ne serait la Serenity rayonnante qu’il avait vue, qu’il avait aimée plus que n’importe qui d’autre, lorsqu’elle avait tenu serrer dans ses bras le petit bébé auquel ils avaient donné vie. La chute avait été cruelle ; et Nassau empestait le regret et les possibilités jamais achevées. Le mariage déchu et tombé en désuétude. C’est donc instinctivement, sachant d’avance comment se finirait leur face à face, qu’Aries préféra prendre la direction opposée de la maison – somme toute impressionnante pour les environs – que sa femme habitait. Il n’y avait pas sa place ; Serenity le lui avait fait comprendre la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Peut-être lui avait-elle demandé à mi-mots de gagner à nouveau sa place, de faire un effort pour qu’elle l’accepte auprès d’elle. Il n’en avait ni la foi ni la volonté ce soir, trop épuisé, lavé par les hautes vagues de l’océan, qui n’avaient eu de cesse de faire osciller son âme et ses tripes jusqu’à la nausée. Il savait déjà où ses pas l’amèneraient ; où ils l’amenaient toujours. Quel avait été déjà, cet éclair de clairvoyance qui leur avait fait mettre l’ancre à Dublin ? Un genre d’appel, plus puissant et pernicieux que celui d’une sirène : Aries avait volontiers ce jour-là, quitté le pont du navire pour aller vaquer dans la ville qui se construisait encore. Il n’y avait jamais mis les pieds, et n’avait cure de se perdre dans les méandres des ruelles de Dublin ; quelque part, il avait peut-être su que jamais il n’y serait perdu. Jamais, pas tant qu’il y était parfaitement à sa place, là où les volontés impérieuses de quelque Dieu supérieur l’avaient savamment placé. Un peu plus au Nord, ou un peu plus au Sud, et jamais sa vie n’aurait été déchirée de cette manière.

Il y en avait eu des femmes ; à chacune d’elle, une estafilade de plus dans ses vœux de mariage, pourtant toutes plus passagères les unes que les autres, Aries s’accrochant ardemment à l’envie, le désir de ne laisser son cœur qu’à une seule femme. Il avait cru que ç’avait été Serenity. Peut-être s’était-il simplement sauvegardé pour une qu’il n’avait jamais rencontrée jusqu’alors. Sous la lumière âcre de leur première rencontre, elle avait eu les cheveux d’un brun profond, comme salis qu’ils étaient par les désastreuses circonstances qui l’avaient amenée ici. A vendre son corps, à croiser le chemin d’un Aries en perdition. Le lendemain, il avait été presque surpris de voir au combien les faiblards rayons du soleil pouvaient se refléter à la surface de sa chevelure ; soudainement devenue de miel. Au combien sa peau semblait douce et fragile, au combien il n’éprouvait nul besoin de sombrer dans ce procédé habituel de femme de joie à client ; au combien il avait trouvé cela profondément répugnant pour la première fois de son existence. C’était pourtant attaché à lui comme beaucoup de choses, alors que le visage fier de son frère aîné le hantait encore, de la première fois où ils avaient côtoyé un bordel ensemble, une poignée d’années avant l’officiel mariage d’Aries avec Serenity. C’était une façon comme une autre de devenir un homme – Aries avait déjà connu les plaisirs de la chair avant cela, mais il fallait croire que c’était d’une importance cruciale pour l’équilibre de social, d’être un homme payant pour les services d’une jolie fille, au moins une fois dans sa vie. Il l’avait fait, encore et encore de nombreuses fois depuis. Et il avait fini par ne plus payer Eleanor, ne plus sentir l’argent couler si facilement d’entre ses doigts indifférents. Il avait commencé à vouloir lui offrir plus que de quoi se nourrir, que de quoi survivre tout simplement. Et puis. Le temps avait couru si vite, Aries ne s’était pas rendu compte du nombre d’années qui avaient couru ; cinq ans déjà, l’impact de la vérité avait raisonné dans son esprit jusqu’à l’assommer littéralement, le pousser à la fuite. Le temps semblait s’écouler de manière différente, entre la terre et l’impétuosité des mers. Elle n’avait pas changé ; le satin de sa peau devenu marbre imprenable, en vérité, quelque chose avait rendu Eleanor plus brillante encore sous ses yeux, si digne qu’elle était d’effacer de son champ de vision tout autre être humain de cette vaste terre. Nassau était devenu un endroit auquel il avait aspiré à revenir le moment même où il avait vu le Flying Dragon hisser les voiles. Et un retour qu’il n’avait fait qu’appréhender. Aucun alcool ne pourrait couler à flot dans sa gorge ce soir, pourtant c’était comme un passage indispensable ; Aries s’attarda – peut-être moins longtemps qu’à l’habituel – attablé dans un coin de la taverne, signant à l’adresse du premier tavernier qui passait pour qu’on lui remplisse le verre. Encore. Encore. Le rhum avait fini par être plus digeste qu’il ne l’aurait cru – et ces sentiments le rongeant ; culpabilité, appréhension, avaient fini par devenir aussi peu gênants que la piqure salée de l’eau de mer sur sa peau.

Finalement, il paya pour ses consommations, une poignée d’or dont la moitié menaça de rouler sous la table, sans même qu’il n’en eut cure. Il aurait presque pu se sentir de retour sur le Flying Dragon en pleine haute mer capricieuse au moment de se relever ; mais tout son sang semblait déjà avaler le liquide alcoolisé. Il dut s’arrêter sur le chemin, balbutiant des paroles polies au premier brave homme qu’il rencontra (sans savoir vraiment s’il s’agissait bel et bien d’un brave homme, ou d’un type qui menaçait à chaque seconde de tenter de lui dérober sa bourse pleine d’or) pour que celui-ci lui indique la bonne direction. L’auberge. Où il dormirait. Où il payerait pour dormir : et à moins de passer pour une vieille morue infâme avec ses clients, Serenity ne pourrait pas refuser d’offrir un toit à qui que ce soit désireux de payer pour cela. Tant pis pour la maison, l’intimité d’un quelconque foyer qu’ils partageaient : ce n’était pas comme si intimité était encore une valeur palpable dans leur couple. Depuis combien de temps ne s’étaient-ils pas livrés l’un à l’autre ? Que s’était-il passé, pour qu’Aries n’en ait cure de son bien être au point de ne jamais mentionner l’existence d’Eleanor ? Heureusement qu’il ne l’avait pas fait, au fond ; briser son mariage, briser un peu plus les choses entre sa femme et lui pour une gonzesse qui s’était cassée ! Comme il aurait débarqué dans une propriété qui était sienne, Aries poussa la porte de l’auberge possédée par son épouse, s’attendant presque à la voir surgir devant ses yeux – au moins, elle pourrait voir qu’il ne passerait pas sa nuit au bordel. Peut-être bien qu’il aurait dû, mais ce n’était pas la première envie qui l’avait possédé aussitôt qu’il avait posé un pied dans cette ville. Non. Non, pas ce soir. Mais pourquoi pas un autre soir, histoire de faire comprendre à Serenity que son attitude de mégère ne méritait guère mieux comme attention, que celle de s’exposer avec une jeune, jolie et imbécile illettrée tout juste capable de lui détourner l’esprit d’autres préoccupations. Argh. Ce soir, ce n’était pas Serenity qui l’accueillerait ; mais un tout autre visage familier – c’était curieux, de constater à quel point son épouse et Eleanor pouvaient être différentes. Une, si brune, avec des cheveux presque noirs, un air exotique. L’autre, si blonde, avec sa peau si pale, si douce, si délicatement parfumée. Si… « J’aimerais une chambre, s’il vous plait. » il aurait pu rester des heures, des années entières à l’observer, refaire le monde ou désirer pouvoir le refaire. Mais l’orgueil l’avait subitement submergé, lui faisant faire les pas qui le séparaient du petit comptoir derrière lequel la blonde était réfugiée. Il s’y était affalé presque, les coudes vissés sur celui-ci, le visage posé sur une de ses mains, presque au niveau de celui de la jeune femme, qu’il n’observait pourtant que pour une fraction de seconde. « Si possible, plus vers l’Ouest, je détesterais me faire réveiller par un rayon de soleil. » son ton avait été aussi léger qu’une indifférence grandiose ; peut-être feinte, peut-être réelle. Simplement hautement arrogante, Aries ayant déjà eu tout le temps nécessaire pour constater qu’aucune oreille indiscrète ne menaçait d’entendre quelque confession qu’ils pourraient s’adresser l’un à l’autre. Mais à quoi bon, hein ? Elle n’avait jamais cru en rien de ce qu’il avait dit, et peut-être que c’était tant mieux ainsi.


Dernière édition par Aries Costello le Dim 22 Mar - 4:29, édité 1 fois
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Eleanor Risley
Eleanor Risley
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MessageSujet: Re: (eleanor), heart rate, sky high. time flies.   (eleanor), heart rate, sky high. time flies. EmptyJeu 19 Mar - 20:14

I'm falling around you.
ARIES COSTELLO & ELEANOR RISLEY

Over, I'm so over you. The way that you look In a 3-piece suit. Over, I'm so over you. The way that you held me Like nobody else would. Maybe if I tell myself enough, Maybe if I do I'll get over you. Maybe if I tell myself enough, Maybe if I do. I'll get all over You. Over, I'm so over you. The way that you laugh Made everything that I do. Over, I'm so over you. The way that you said that you'd always be true And maybe if I tell myself enough, Maybe if I do. ~ over you.


Madame Costello avait quitté l’auberge à la nuit tombée, laissant alors les rênes à son employée. Eleanor n’aimait guère passer ses nuits entières à surveiller l’auberge, mais elle avait accepté sans rien dire. Si elle voulait être payée et si elle voulait garder son poste, elle savait qu’elle avait plus à gagner en restant obéissante. La jeune femme avait laissé sa fille en compagnie d’une amie, chez quelqu’un avec qui la petite Juliet serait forcément en sécurité, puis elle avait entamé sa nuit de travaille à l’auberge. Il n’y avait pas grand monde qui venait à la nuit tombée. Les hommes qui rentraient des mers préféraient encore passer la nuit en compagnie des prostituées ou  à la taverne du coin plutôt que dans l’auberge. Il y avait des exceptions bien sûr, certaines personnes qui avaient d’autres intérêts dans la vie que les filles de joies et les pintes d’alcool, mais contrairement à la taverne ou au bordel, les pirates ne représentaient pas la plus grande majorité des clients de l’auberge. Ce n’était pas plus mal. Eleanor n’était pas toujours une grande fan des pirates. Ils étaient souvent violents, imprévisibles et persuadés que tout leur était dû. Elle s’était déjà faite agressée par l’un d’eux. La capitaine du Jolly Ranger qui l’aurait volontiers violée puis éventrée si jamais son frère n’avait pas été là. Depuis, elle restait d’une grande méfiance envers les pirates et sentait systématiquement un frisson lui parcourir l’échine lorsqu’elle entendait dire que le Jolly Ranger était de retour à Nassau. La jeune femme aimait pourtant cette petite ville, elle était bien différente de ce qu’elle avait pu connaitre à Dublin et elle aimait tout particulièrement marcher dans le sable chaud des plages de l’île. Le climat était bien différent de celui qu’elle avait connu à Dublin et il était bien plus agréable. L’eau qui venait s’échouer sur la plage était d’un bleu digne d’une peinture. Le paysage de l’île était digne d’un rêve et quand on se tenait loin des pirates, la vie y était fort agréable. Elle avait les moyens maintenant de s’accorder quelques plaisirs, souvent plus grâce à ce que lui ramenait son frère que grâce à son salaire, mais elle avait une vie correcte. C’était quelque chose qu’elle n’avait jamais connu avant de mettre les pieds à Nassau. Plus jeune il n’était pas rare qu’elle saute quelques repas et on ne dépensait jamais d’argent pour des petits plaisirs chez les Risley, puisque souvent l’argent venait à manquer. Chez les prostituées, ce n’était pas nécessairement mieux, elle était nourrie, logée blanchie, mais toutes les pièces qu’elle gagnait en offrant son corps, ne lui appartenaient pas en totalité, ce qui lui restait à la fin de la journée était risible et ses maigres économies ne lui auraient jamais permis de quitter les lieux. Depuis qu’elle était à Nassau, les choses étaient différentes, les choses étaient mieux. Il n’y avait qu’une chose qu’elle regrettait, c’était de ne jamais avoir eu l’occasion de revoir Aries avant de quitter Dublin. Elle l’avait attendu mais en vain et maintenant cinq années s’étaient écoulées et bien que ses sentiments pour lui restaient inchangés elle savait que jamais ils ne pourraient avoir la vie dont elle avait pu rêver pour eux. Il était le père de sa fille et il ne le savait même pas. C’était une chose difficile à annoncer après cinq ans et c’était également quelques mots qu’elle ne pouvait pas prononcer n’importe quand. Elle passait la plupart de son temps en compagnie de l’épouse d’Aries et elle préférait éviter que sa patronne n’apprenne qu’elle avait été la maitresse de son époux et qu’il était le père de sa fille. Elle était toujours vague quand on lui demandait qui était le père de sa fille. Elle ne criait pas sur tous les toits qu’elle avait été une prostituée alors elle se contentait de parler d’un homme qu’elle avait aimé, loin d’ici à Dublin. Elle n’allait jamais au-delà de ça. Elle connaissait l’histoire et c’était suffisant, personne d’autre n’avait besoin de connaitre les détails. Elle portait encore la bague qu’il lui avait offerte, symbole d’une promesse qu’il n’avait jamais eu l’occasion de revenir. Elle ignorait s’il était revenu au bordel après son départ. Elle l’espérait, puisque ça voudrait dire qu’elle aurait vraiment compté sans lui. Elle s’en voulait d’être partie avant qu’il ne revienne, mais elle avait trop attendu et son ventre arrondi la défavorisait déjà auprès des autres filles. Elle n’avait pas eu d’autres choix que de fuir cet enfer quand son frère était revenu. D’une façon ou d’une autre, il l’aurait amenée de force jusqu’à Nassau.

Un livre à la main, elle se perdait dans les pages d’un ouvrage que son frère lui avait ramené quelques temps plus tôt. Elle avait appris à lire tardivement, plus jeune, elle n’avait pas le temps ni les moyens, au bordel, elle n’en avait pas besoin. A Nassau, elle avait rencontré des personnes qui le lui avaient enseigné. Depuis, elle passait énormément de temps le nez plongé dans les bouquins. Elle avait voulu apprendre afin de pouvoir faire la lecture à sa fille, elle voulait pouvoir lui raconter des histoires, mais sans pouvoir en lire, elle n’en connaissait pas beaucoup. La jeune femme n’était pas née dans un milieu où ce genre de choses pouvait avoir de l’importance. Maintenant elle savait lire et écrire. Des connaissances qu’elle aurait cru ne jamais pouvoir avoir. Les choses avaient bien changées pour elle et elle en était ravie. Avant les robes qu’elle portait ressemblaient à des haillons, puis au bordel, elles avaient été vulgaires, maintenant elle avait presque l’impression d’être une vraie dame. Son livre entre les doigts elle oubliait presque ce qui pouvait se passer dans l’auberge. Il ne se passait pas grand-chose de toute façon. Assise derrière le comptoir, elle était prête à répondre aux demandes de clients si cela était nécessaire, mais s’il fallait qu’elle s’occupe de l’auberge toute la nuit, autant qu’elle ait de quoi s’occuper pour ne pas finir par s’endormir dans la première chambre vide qu’elle  allait trouver. Elle sursauta d’ailleurs quand la clochette de l’auberge sonna, la ramena soudainement à une réalité qu’elle semblait avoir quitté au travers des pages de son ouvrage. Un large sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle déposait son livre sur un coin du comptoir, quittant sa chaise pour faire face au client. Elle ne tarda pas à reconnaitre l’homme lui faisant face. Aries. Celui qui hantait ses pensées la plupart du temps, celui dont elle reconnaissait les traits sur le visage de sa fille, sans ses yeux sombres et ses cheveux foncés. Elle garda son sourire sur les lèvres, faisant de son mieux pour ne pas laisser paraitre le malaise qui s’installait en elle en cet instant précis. « Oui bien sûr, laissez moi vérifier s’il nous en reste une à l’Ouest. » Attrapant le registre, elle en tourna les pages pour arriver à la dernière page, vérifiant les dernières réservations, son doigt glissant le long des pages. « J’ai ce qu’il vous faut. » Annonça-t-elle en relevant la tête vers l’homme en face d’elle. Sans perdre son sourire elle poussa le registre vers Aries. « Vous pouvez vous inscrire juste ici. » Elle désigna du doigt une ligne sur le carnet avant de déposer une plume dessus et d’ouvrir l’encrier puis de se retourner vers les clefs des chambres pour en attraper une. Une bien à l’Ouest comme il l’avait demandé. Se retournant de nouveau vers lui, elle l’observait silencieusement. Sa femme n’était pas là, elle n’allait pas reviendrait pas avant le matin, c’était peut-être l’occasion de discuter, elle ne savait pas quand est-ce qu’elle pourrait de nouveau se retrouver seule dans la même pièce que lui. Triturant sa clef entre ses mains, elle prit son courage à deux mains. « Il y a cinq ans, j’ai quitté Dublin avec mon frère. Je ne pouvais pas rester là-dedans. J’aurais attendu si j’avais pu. Il ne m’aurait pas laissé faire et je commençais à couter plus d’argent qu’à en remporter. Ils m’auraient mise dehors. » La jeune femme baissa les yeux vers la clef qu’elle continuait de mal mener entre ses doigts angoissés. Elle n’avait pas eu le choix de quitter les lieux et n’importe qui à sa place en aurait fait autant. Elle était lasse de sentir les doigts de tous les pervers du coin se balader sur son corps et sa grossesse était clairement un problème pour ses employeurs. « Je ne pouvais pas mettre ton enfant au monde dans les rues de Dublin. » Se mordillant à présent la lèvre inférieur, elle releva un regard timide sur Aries, elle avait dit ce qu’elle avait à dire, ce qu’elle avait sur le cœur depuis trop d’années maintenant, des choses qu’elle voulait lui dire depuis qu’elle l’avait vu franchir la porte de cette auberge. « Je suis désolée. » Elle était navrée que les choses se soient déroulées ainsi, elle était désolée de lui dire ça seulement maintenant, mais la vie était ce qu’elle était et les circonstances qui les avaient tenus éloignés l’un de l’autre pendant toutes ces années n’étaient pas vraiment de son ressort. Elle avait voulu que les choses soient différentes, mais si la vie lui avait appris quelque chose, c’était bien qu’à Dublin, elle n’avait jamais eu ce qu’elle voulait et elle ne l’aurait probablement jamais eu. Virée du bordel, il l’aurait probablement retrouvée morte de faim dans un coin de la ville, avec sa fille qui n’aurait survécu que quelques jours. Nassau avait été sa chance de s’en sortir, Nassau était la seule chose qui leur avait permis de se retrouver.
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Aries Costello
Aries Costello
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MessageSujet: Re: (eleanor), heart rate, sky high. time flies.   (eleanor), heart rate, sky high. time flies. EmptyDim 22 Mar - 0:42

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could i be, was i there ? it felt so crystal in the air. i still want to d r o w n, whenever you leave. please teach me gently, how to breathe. and I'll cross o c e a n s, like never before so you can feel the way I feel it too. and I'll mirror images back at you, so you can see the way I feel it too. w/eleanor risley & aries costello.

Le cœur a ses raisons que la raison ignore ; en sondant les profondeurs de ses entrailles, bien souvent, Aries s’était imposé cette idée comme pour s’accrocher à quelque chose. Justifier ce qu’il était devenu, le destin qu’il avait accepté, ou au combien les promesses qu’il avait pu formuler par le passé n’étaient devenues que cendre à sa bouche. Sur le pont du Flying Dragon, il avait regardé les miles le séparer de son passé ; le jadis qui ne lui sourirait plus à présent. Il avait navigué loin de Dublin, où il était retourné, accroché encore et encore à l’espoir de revoir un jour le visage d’Eleanor ; égoïstement, sans même penser à sa femme à Nassau, sans même penser à leurs vœux de mariage et à combien son cœur vendu à une autre trahissait tout ce qu’il avait si volontiers promis de donner à Serenity pour le restant de leurs jours. En avait-elle seulement envie, aujourd’hui ? D’aucun n’avait livré ses véritables sentiments depuis près d’une décennie déjà, la loyauté de la jeune femme ne se révélant qu’au moment décisif de choisir entre son pays natal, et le nom qu’elle avait adopté sur son contrat de mariage. Aurait-ce dû être suffisant pour qu’il ne se retourne jamais ? Qu’il ne voit toujours que la femme qu’il avait épousée, dans une autre vie ? Quand il avait été un autre homme ; un marin de la Navy Royale, un honnête citoyen de l’Empire Britannique. Un homme si disposé à aimer, à être père, à accepter une existence sans remous. Dévisager Eleanor après tant d’années l’avait subitement ramené à ce qu’il avait été au moment de leur rencontre ; serait-elle seulement susceptible d’aimer l’homme qu’il était devenu ? Avait-elle aimé celui qu’il avait été ? Irrémédiablement, pour prétexter la blessure de son ego, Aries Costello avait fini par se faire à l’idée qu’Eleanor, l’irlandaise de ses souvenirs, n’avait été qu’une fugace passe qui s’était elle-même dérobée à ses yeux aussitôt avait-il eu le dos tourné. Un spectre, à jamais perdu dans les profondeurs de l’océan, ou la vaste surface des terres. Ici il n’y avait plus que le navire de son Capitaine pour lui servir d’échappatoire, dans des rues qui regorgeaient de tant d’ennemis à ses souvenirs ; Eleanor, ou Serenity – le Destin avait décidé de les amener toutes les deux sous un même toit, la main d’un Pouvoir Supérieur glissant dans un gant de fer pour asséner lourdement les conséquences de ses actes à l’homme qui  avait tant fui. Fui pour ne jamais trop songer au sort de sa famille, au sort de son épouse ; ou au fameux homme qui, avait-on dit, avait été assez convaincant et déterminé pour emmener Eleanor loin des côtes de Dublin. L’alcool l’avait presque aidé à appréhender le face à face avec plus de facilité, la course effrénée de son palpitant au fond de sa poitrine ; mais il semblait déjà que, son cœur s’accélérant, le sang se filtrant dans ses veines plus vite, avait essuyé toute ivresse de son esprit. Ils n’étaient plus que tous les deux, là, maintenus par un semblant de jeu d’esprit, à celui qui céderait en premier à l’appel lascif des explications qui allaient un jour devoir éclater entre eux.

Des mots qu’Aries ne voulait guère entendre ; de peur de combler les cinq années de vie qui les avait séparés – peut-être avait-elle trouvé un époux pour la satisfaire, quand bien même c’était au bras de son frère, et non pas de n’importe quel homme, qu’elle avait quitté le bordel de Dublin. A Nassau, il y aurait sans doute eu de quoi éveiller son cœur, que ce soit de passage éphémère, ou pour toujours. De peur d’avoir un jour à retracer de ses mots ce que ces cinq années avaient été, jalonnées de trahison, de mort, de regrets. La paix n’avait pas encore réussi à glisser jusque dans les veines du pirate, et c’était encore l’orgueil de l’espagnol trahi qui le poussait à agir, le poussait à être si fidèle à Harley Oaken et au Flying Dragon. A la vie de pillage, à la vie de crime. Tout l’inverse de ce qu’il avait été quand ils s’étaient rencontrés ; lui, somme toute honorable, malgré sa propension à se noyer dans l’alcool et se perdre dans les bras d’autres femmes. Accroché depuis trop longtemps, déjà, au désir d’effacer ce qui avait été dans sa vie. Peut-être s’était-elle prise d’affection pour le soldat de la Marine, l’homme plein de promesses et à la loyauté vibrante à l’égard de la nation qui l’avait vu naître ? L’homme qu’il n’était certainement plus ; avait-elle pu ne serait-ce que le deviner, dans la variation significative de sa façon de parler, l’accent roulant sur ses lèvres ? Serenity n’avait guère semblé ciller, acceptant avec douceur les changements dans son époux – les justifiant, sans doute, comme il le faisait dans un coin de son esprit. Après tout, même eux, mari et femme, n’avaient guère eu le temps de s’expliquer ; affronter Eleanor était l’épreuve de ce soir – le dilemme qu’il répugnait à avoir, des réponses à de lancinantes questions qu’il ne désirait ni avoir, ni donner. Lui échapper semblait être la meilleure option, celle qu’Eleanor prit également sans même qu’ils n’échangent plus d’un regard ; silencieux, affichant avec orgueil un air peu déterminé à ouvrir la bouche plus avant, Aries l’observa faire, son regard sombre s’attardant trop longuement au goût du commun des mortels, sur les détails de sa chevelure, la courbure délicate de son visage ; ses doigts, glissant suavement sur la surface abîmée du registre de l’auberge. Curieusement, chaque chose qu’elle faisait, rappelait à Aries l’empreinte de son épouse sur les lieux ; l’énergie ordonnée que ceux-ci dégageaient, la sempiternelle maniaquerie de sa femme, plus symptomatique d’un soin impeccable que d’une réelle maladie. Mais dans une ville comme Nassau, cette auberge faisait presque tâche. Tout à fait londonienne ; profondément anglaise. Tout Serenity. L’amertume revenant charrier ses songes, l’espagnol baissa les yeux jusqu’à ce que la voix de la jeune femme n’interrompe à nouveau ces songes traitres ; à nouveau, il n’y avait qu’Eleanor et lui qui existaient, quand bien même le décor transpirait l’omniprésence de l’épouse Costello. Ici, quelque part ; à Nassau, prête à surgir d’un coin de son champ de vision au moindre instant, comme la dernière fois. Prendrait-il encore la fuite ? Probablement ; dans le champ de ruines de sa vie, le Flying Dragon lui avait toujours paru être le refuge idéal – quitte à céder à une existence de criminel. Aries avait déjà eu tout loisir d’embrasser la liberté, et de découvrir à quel point elle pouvait être grisante.

Ses doigts se refermèrent sur la caresse de la plume qu’elle avait déposée, et Costello n’eut que le temps de sentir une seconde se suspendre, tendre l’air avant qu’Eleanor ne parle à nouveau. Il ne leva pas les yeux, comme s’ils s’étaient soudainement accrochés à la surface de vieux parchemin : affronter une œillade de la jeune femme revenait à laisser chavirer son cœur, sentir un brin de son esprit s’enfuir à toute vitesse. Au moins fut-il, pour un premier instant, en pleine possession de ses moyens, jusqu’à ce que les paroles de la jeune femme ne commencent à laisser leur empreinte dans l’esprit de l’homme ; cinq ans – elle n’avait donc pas attendu après lui bien longtemps. L’amertume enserra ses tripes, la réalité explosant à son visage : il y avait forcément un moment, forcément un instant où elle n’avait pas cru à ses paroles. Peut-être avait-ce toujours été ainsi, le fourrant dans la foule des clients qu’elle avait eus là-bas, à Dublin. Son cœur et son esprit se déchiraient à nouveau, leurs volontés se livrant duels ; peut-être bien qu’Eleanor avait eu raison de partir. Qui avait-il été pour demander d’elle de rester dans un endroit pareil ? Une vie si médiocre ? Qui avait-il été pour, quelque part, la raccrocher à la promesse de n’être toujours qu’une prostituée si cela leur permettait d’être à nouveau ensemble ? Et pourtant, au fond de son palpitant trop perméable, il avait su, su qu’il tiendrait sa promesse ; et qu’il emploierait le restant de son existence à effacer des souvenirs d'Eleanor, les torts assénés par la vie. Elle, elle n’y avait juste pas cru. Et il se souvenait encore du jour où il avait posé pieds dans un Dublin qui lui avait semblé vide – si vide d’âme sans elle dans le paysage. La plume imbibée d’encre frissonna au bout de ses doigts dans une fugace trahison, avant que la contraction dans son corps ne vienne enserrer ses mâchoires l’une contre l’autre. A peine osa-t-il dessiner les contours de la silhouette de la blonde en face de lui, avant de sentir d’autres vérités couler vers lui. Sur lui pour un instant, alors que l’orgueil reprenait le dessus ; et pourtant pénétrant sous la surface de sa peau à une vitesse ahurissante. Son enfant ?! Son enfant était mort il y a plus de dix ans, dans l’hiver rude qui avait sévi à Londres et paralysé la ville pendant plusieurs semaines ; le rejet de toute idée de plus fut si immédiat à l’esprit d’Aries qu’il déposa sans vergogne la plume avec laquelle il n’avait toujours pas écrit le moindre nom, un volte-face saisissant brutalement ses jambes pour l’entrainer vers la porte à nouveau. Il s’y arrêta, ses pas s’interrompant juste devant, son corps plus lourd que du plomb à l’instant de franchir la porte de la bicoque, la claquer derrière lui pour ne plus se retourner. Pourquoi fallait-il que la vérité s’alourdisse au fil des années ? Et elle était désolée, disait-elle. « De. De quoi tu parles ? » il avait pivoté à nouveau sur ses pieds, le bois de la porte de sortie, son échappatoire juste à quelques centimètres ; était-ce son cœur ou son esprit, sa déraison ou sa raison qui le poussait à rester ici ? A ouvrir la bouche là où tout air glissant dans ses poumons était si amer qu’il consumait tout sur son passage ?

Aries sentit ses lèvres se pincer, les traits de son visage se froisser alors qu’il détournait le regard ; vraiment, il se sentait incapable de la regarder plus de quelques fugaces secondes. Parce qu’elle l’avait si souvent trahi dans son esprit, parce qu’il avait échafaudé tellement de destinées dans ses songes, ses rêves et ses cauchemars. Séparés ou ensemble. Alliés ou traitres l’un de l’autre. « Il y a cinq ans… je suis rentré chez moi pour découvrir que l’Empire que j’avais servi pendant tant d’années était en guerre contre mon pays. J’ai vu mon père, mon frère, traqués par des gens en qui j’avais une totale confiance, je les ai regardés se faire exécutés sur la place publique. J’ai… j’ai fait tout mon possible, pour ne jamais laisser personne derrière moi. J’ai protégé ce qu’il restait des miens. J’ai protégé ma femme en l’amenant ici, parce que c’était ce que je devais faire. » était-il en train de hurler ces paroles ou alors d’à peine les murmurer ? Aries ne savait pas, il ne savait plus ; les mots bourdonnaient dans son esprit, vibraient dans ses entrailles  avec la même puissance de ceux, déçus, qu’il n’avait jamais pu prononcer à l’Eleanor qu’il avait cru pouvoir retrouver. Et il avait envie de la détester pour cela ; il en était bien incapable pourtant. Parce que les mots de la jeune femme sonnaient vrai ; si elle disait la vérité, ils auraient eu tôt fait d’abandonner la femme enceinte dans les rues de Dublin plutôt que de la laisser exercer au bordel : et elle serait morte - à jamais perdue - avant même qu’il n’ait pu la retrouver. Parce que si elle avait donné le jour à son enfant, alors être ici, à Nassau, était la meilleure chose qui avait pu leur arriver à tous les deux. « Je suis revenu. Pour toi. Je suis revenu à Dublin dès que j’ai pu, parce que c’était ce que je voulais. Ce que je t’avais promis sur tout ce en quoi je croyais. Et maintenant tu me dis que… ? » sa voix se suspendit dans le néant ; non, il ne pourrait jamais admettre cela, l’idée d’avoir un enfant le terrifiait. Il avait dit qu’il reviendrait, parce qu’il l’aimait. Le cri transperçant et tonitruant de son cœur à nouveau animé par le désir d’aimer. Parce l’envie d’exister, là où l’errance n’avait été que chaque étape de sa vie, depuis… Depuis Londres. « Et tu es restée, quoi ? Deux mois là-bas, après mon départ ?! » deux mois de trop, sans aucun doute ; des années de trop avant qu’ils ne se rencontrent. Jamais une âme, une personne comme Eleanor n’aurait mérité de tomber dans un tel endroit – certes. Mais était-ce là tout le crédit qu'elle avait donné à sa promesse ? Aries aurait dû être celui qui l’en sortirait ; Aries l’avait promis. Elle aurait pu être cette première ultime promesse qu’il aurait respectée. Presque. « J’ai fait de mon mieux, Eleanor. Et je ne vais pas m’excuser pour ça. » conclut-il simplement, en écho aux paroles qu’elle avait prononcés. Ses yeux cherchèrent une nouvelle échappatoire ; mais tout ce qu’il trouva fut cette plume, sur le registre. Sans crier gare, saisi par ce même désir qui lui faisait tant aimer le pont du Flying Dragon, l’immensité de l’océan ; Aries refit les pas vers Eleanor, vers le comptoir ; vers le registre. Où il assigna son nom. Un poil final. « Tu vas me donner ma clé, alors ? » c’était comme si elle le suspendait à cela pour qu’il reste ; les yeux sombres de l’espagnol s’attardèrent sur l’objet, plus facile à dévisager que la jeune femme elle-même. Fuir était sa réponse à tout ; fuir était un ultime moyen de la blesser, peut-être. Elle, face au vide, face à la solitude renvoyée par le départ de l’autre. Une vaine tentative de montrer qu’elle avait eu tort, alors que lui-même n’y croyait pas. Qu’il détestait sans doute plus les choix qu’il avait dû faire, les circonstances, que n’importe qui.
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Eleanor Risley
Eleanor Risley
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MessageSujet: Re: (eleanor), heart rate, sky high. time flies.   (eleanor), heart rate, sky high. time flies. EmptyLun 23 Mar - 21:14

I'm falling around you.
ARIES COSTELLO & ELEANOR RISLEY

Over, I'm so over you. The way that you look In a 3-piece suit. Over, I'm so over you. The way that you held me Like nobody else would. Maybe if I tell myself enough, Maybe if I do I'll get over you. Maybe if I tell myself enough, Maybe if I do. I'll get all over You. Over, I'm so over you. The way that you laugh Made everything that I do. Over, I'm so over you. The way that you said that you'd always be true And maybe if I tell myself enough, Maybe if I do. ~ over you.


Durant les dernières années qui s’étaient écoulées, alors qu’Eleanor avait quitté Dublin pour rejoindre Nassau, il n’était pas rare qu’elle se soit perdue dans ses pensées, ses rêves de ce qu’aurait pu être sa vie si Aries était arrivé au bordel avant Hewry. Ses songes étaient toujours agréables, les retours à la réalité quant à eux étaient difficiles. Il n’était pas là et quand la réalité prenait le pas sur ses rêves elle se disait qu’elle ne le reverrait jamais. Quand bien même elle recroiserait sa route, que se passerait-il ? Cinq longues années s’étaient écoulées depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus et si elle n’avait pas construit grand-chose dans sa vie, peut-être que lui il l’avait fait. Ses rêves n’étaient que des rêves, ils n’étaient pas voués à se réaliser elle s’en était presque convaincue au fil des années. Pourtant, un jour était arrivé où finalement elle avait recroisé le regard du jeune homme. A cet instant, elle avait également compris qu’il était marié à sa patronne. Leur histoire à eux n’était qu’une histoire qui appartenait au passé et pourtant depuis qu’elle l’avait revu ses rêves se faisaient de plus en plus fréquents et elle se maudissait pour avoir l’envie de se mettre entre un homme marié et sa femme. Ça n’avait jamais été vraiment un problème quand elle était au bordel, elle ne s’était jamais prise à songer aux femmes bafouées qui se cachaient derrière les alliances des hommes qui venaient la voir, elle avait d’autre soucis à cette époque. Elle faisait ce qu’elle avait à faire pour survivre, elle offrait son corps pour quelques pièces, sans se soucier de l’histoire des hommes avec qui elle partageait sa couche. Maintenant c’était différent, elle n’était plus une prostituée, elle valait mieux que ça aujourd’hui. Elle aurait voulu valoir mieux que ça, mais c’était plus fort qu’elle, dès qu’elle pensait à Aries, elle était prête à oublier momentanément son épouse et tout ce que cette dernière avait pu faire pour elle. Elle avait beaucoup de respect pour Madame Costello, mais le fait était qu’elle aimait Aries aujourd’hui comme elle avait pu l’aimer cinq ans auparavant et malgré tout ce qu’elle devait à celle qui était son épouse, si elle pouvait avoir une chance de retrouver ce lien qu’elle avait eu dans le passé avec l’espagnol, elle n’hésiterait pas, elle se jetterait sans ses bras comme la dernière des idiotes. Les cinq années qui s’étaient écoulées n’avait pas changé grand-chose pour elle, ce qu’elle avait voulu à cette époque, elle le voulait encore aujourd’hui. Mais c’était certainement différent pour lui, sinon peut-être qu’il serait revenu la voir plus tôt et pour autre chose qu’une chambre bien à l’ouest pour ne pas se faire réveillé par le sommeil. Eleanor n’était pas vouée à vivre avec autre chose que des désillusions. Jamais elle n’avait vu ses rêves se réaliser et ce n’était pas demain que ça allait commencer. Petite fille déjà, elle avait la tête pleine de rêves, elle s’imaginer une vie meilleure loin de la pauvreté et bien qu’elle ait réussi à obtenir ça, bien que Nassau ait parfois les allures du paradis qu’elle avait pu imaginer, ça n’avait rien à voir avec ce qu’elle avait pu vouloir bien des années plus tôt quand elle rêvassait dans un coin de la minuscule maison des Risley. Certaines personnes n’étaient tout simplement pas faites pour obtenir ce qu’elles voulaient. Eleanor n’était certainement pas la plus à plaindre, au moins, elle avait Juliet. Evidemment, elle n’avait jamais rêvé d’être une mère célibataire dans un monde où le mariage était le meilleur moyen de s’en sortir pour une femme, mais Juliet était une véritable merveille, la chose la plus importante qu’elle puisse avoir dans sa vie et tant qu’Hewry était là, elle savait qu’elle n’avait guère besoin d’un époux pour s’en sortir. Elle n’aurait probablement pas besoin de quoi que ce soit de plus que ce qu’elle possédait déjà, mais elle avait toujours su qu’il y avait une nette différence entre les choses dont on pouvait avoir besoin et celles qu’on désirait.

Enfin, elle avait pris son courage à deux mains, elle avait dit ce qu’elle avait à dire et encore une fois, la réalité était bien différente des choses qu’elle avait pu imaginer. Rêveuse naïve, elle ne se permettait pas d’imaginer les difficultés sur son chemin. A quoi bon rêver de choses négatives après tout ? La vie était trop souvent faite pour les mener directement à elle, alors autant ne pas les provoquer en y pensant. Elle l’avait observé s’éloigner avec un pincement au cœur, baisant les yeux vers le sol de l’auberge comme pour ne pas le voir franchir cette porte. Le son de sa voix lui fit relever la tête. Elle ignorait ce qui avait pu arriver à Aries pour qu’il ne revienne pas ou qu’il revienne trop tard, mais elle s’était fait à l’idée qu’il devait bien y avoir une bonne raison, elle avait voulu y croire pour ne pas simplement se résigner et imaginer qu’il avait pu simplement l’abandonner, elle s’était sentie aimée dans ses bras, elle ne pouvait pas imaginer qu’il ait simplement décidé de lui tourner le dos. Si elle avait raconté cette histoire à quelqu’un, on l’aurait certainement traitée d’idiote, mais elle n’en avait que faire, elle ne voulait pas imaginer le pire. Elle se mordilla nerveusement la lèvre en écoutant le récit de ce qu’il avait du traverser. Elle était bien placée pour savoir ce que ça faisait de voir sa famille se faire massacrer, elle avait vu les siens tomber et alors que son frère l’avait aidé à quitter la maison, la dernière chose qu’elle avait entendu avant de s’enfuir à toutes jambes avait été ses cris. Il lui avait sauvé la vie au péril de la sienne. Maintenant, elle n’avait plus qu’Hewry. Celui qui l’avait sauvée du bordel dans lequel elle était restée trop longtemps, celui qui lui avait évité de mourir dans une rue crasseuse de Dublin. Elle était partie trop tôt, elle était partie dès qu’elle avait pu parce que le pire menaçait de lui tomber dessus. Elle avait fait ce qu’elle devait faire. Il était pourtant bien revenu pourtant, il était revenu pour elle, parce que c’était ce qu’il voulait. C’était ce qu’elle avait voulu aussi. Mais comment rester là-bas alors qu’on lui offrait la possibilité de s’enfuir ? Est-ce qu’elle aurait vraiment eu la chance de le revoir ou bien l’aurait-on chassée pour son manque de rentabilité avant qu’il n’ait eu le temps de la sauver. Il avait fait ce qu’il devait faire et elle en avait fait de même. Les choix qu’ils avaient dû faire leur avait été imposés par les circonstances. Il ne lui devait pas d’excuses, ce n’était pas ce qu’elle attendait, elle avait juste voulu lui expliquer les choses, c’était chose faite maintenant. « Je n’ai jamais demandé des excuses de ta part. Je voulais juste te donner des explications. » Elle baissa les yeux sur le registre sur lequel il apposa son nom, puis entendant les paroles d’Aries, elle hésita quelques secondes avant de saisir la clef qu’elle avait trituré pendant quelques minutes puis de contourner le comptoir. « Laisse-moi te conduire à ta chambre. » Parfaite hôtesse qu’elle était, elle se devait de l’accompagné comme elle l’aurait fait avec n’importe quel client, c’était ce que Madame Costello lui avait appris à faire. Qu’il soit son mari ne changeait rien. Elle marchait d’un pas qu’elle trouvait trop rapide, elle aurait voulu ralentir l’allure profiter des quelques dernières secondes qu’elle pouvait passer en sa présence, c’était stupide, elle était stupide. Attrapant les pans de sa robe, elle gravit des marches pour ensuite traverser un couloir, avant d’ouvrir l’une des portes avant de tendre la clef à Aries. « Voilà, on y est. Une chambre bien à l’Ouest. » Enfin elle osa relever le regard vers lui, lui adressant un léger sourire. Il fallait bien qu’elle soit courtoise et agréable, c’était aussi ce que sa patronne lui avait appris et attendait d’elle. « Est-ce que tu as besoin de quelque chose d’autre ? Un dîner ? Petit déjeuné demain matin ? Je peux également préparer de l’eau pour un bain. » Le regard maintenant plongé dans le sien, elle attendait une réponse à ses questions qu’elle avait l’impression d’avoir récité comme un texte qu’elle aurait appris par cœur. Fixant l’homme en face d’elle elle se sentit obligée de se mordre l’intérieur de la joue avec force pour résister à l’envie folle de venir se blottir sans ses bras ou de se jeter à ses lèvres. Il venait pourtant de lui passer un savon quelques secondes plus tôt et il avait eu l’air de vouloir davantage récupérer la clef de la chambre que de rester avec elle et pourtant, elle restait accrochée à ses désirs aussi stupides que futiles.
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Aries Costello
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MessageSujet: Re: (eleanor), heart rate, sky high. time flies.   (eleanor), heart rate, sky high. time flies. EmptyMar 24 Mar - 3:14

everything beautiful brings her to mind

could i be, was i there ? it felt so crystal in the air. i still want to d r o w n, whenever you leave. please teach me gently, how to breathe. and I'll cross o c e a n s, like never before so you can feel the way I feel it too. and I'll mirror images back at you, so you can see the way I feel it too. w/eleanor risley & aries costello.

En termes nautiques, il aurait été possible de dire que pendant un temps ; Aries avait été commandant de son destin sans le moindre compas, bloqué sur une mer imperturbable – si calme qu’elle n’avait fait que refléter son visage et le gris perle du ciel qui l’aurait entouré. Pendant si longtemps, il n’avait eu ni cap, ni port vers lequel retourner ; irréversiblement chassé de son rôle d’époux par une femme brisée. Incapable de se sentir à sa place au sein d’une Marine qui menaçait à chaque nouvelle journée de le trahir. Les jours, les mois s’étaient égrenés si lentement ; et l’homme n’avait jamais laissé entrevoir quoique ce soit de son désarroi face à la situation. Lever la voix sur Serenity dans l’espoir de lui faire entendre raison n’aurait pas été une solution, quand bien même parfois, le mutisme de la jeune femme avait poussé toute sa patience jusqu’aux abords du gouffre. Aries avait préféré fuir, toujours ; optant pour une nuit au bordel d’un coin de Londres, avec une connaissance qui n’aurait jamais de lendemain. Jamais de conséquence. Aucune des prostituées qu’il avait apprivoisées pour une nuit à peine n’était venue frapper à sa porte lui clamer haut et fort être enceinte de son enfant – il en aurait presque été réduit à le vouloir, à une époque, tant l’absence de son fils avait laissé un vide abyssal dans ses entrailles. Quelque chose à quoi se raccrocher – une quelconque repentance, ou peut-être bien juste un signe de Dieu lors de sa longue traversée du désert. Eleanor avait atterri dans le chemin sinueux de sa vie comme n’importe quelle autre femme qu’il avait connue : payée de quelques pièces d’or pour se montrer polie. Misérable. Ce qui s’était produit en lui au moment de dévisager la jeune femme, de réaliser ce qui était naturellement né dans les tréfonds de son âme, l’avait dépassé d’une seconde à l’autre. Aries avait parfois tenté de se persuader que tout ceci était allé trop loin, que ceci n’aurait jamais le moindre avenir. Qu’il ne faisait pas ça parce qu’il n’aimait pas sa femme, mais parce qu’ils étaient perdus, désespérés en ce moment. Eleanor avait totalement éclipsé l’idée de Serenity, et rares étaient les instants où, avec la jeune femme dans ses bras, il s’était laissé à culpabiliser pour son épouse. Après tout, à cette époque, avait-elle eu encore de quoi avoir une belle vie ; une grande maison, un rang on ne peut plus honorable, de la richesse, et le respect de tous ceux qui reconnaissaient son nom de famille. Le reste, elle n’en avait pas voulu pendant près de cinq ans : l’espagnol avait fini par justifier son attachement, son amour pour Eleanor comme l’ultime refuge de son âme pour survivre dans les méandres de ce que la rancœur injustifiée de Serenity lui faisait endurer. Silencieuse entre eux, l’évidence avait toujours résonné dans les moments de calme : Aries et Eleanor avaient toujours été voués à être séparés par quelque chose – elle, quand elle se perdait dans les bras d’autres hommes. Lui, quand il serait rappelé par ses supérieurs pour retourner en mer. Le rêve n’avait été que fugace, et sans doute qu’il aurait été préférable qu’aucun des deux ne s’attache plus que de mesure. En un cillement, un clignement d’œil, tout avait éclaté en mille morceaux : la dévotion d’Aries mise à rude épreuve au moment où on lui avait annoncé le départ imminent du Jolly Mon pour des territoires lointains, presque inexplorés.

Si loin de l’Irlande. De Dublin. De ces moments délicieux avec Eleanor ; où, finalement, le naturel avait chassé tout l’aspect lubrique de leur première rencontre. Leurs premiers rapports, l’argent échangé, la réalité placardée sur le visage d’Aries Costello – tout oublié. Il était un coureur, un homme marié, un homme ayant offert son nom, son rang et sa protection à une autre femme. De lui, Eleanor avait accepté bien des choses, peut-être sans même peser les conséquences de ses actes ou de ses choix : la réalité lui était retombée dessus lorsque son fameux frère était venu la chercher. Lorsqu’une main clémente l’avait sortie du cercle vicieux dans lequel Aries l’avait enfermée avec ses promesses. Il était revenu trop tard, et le vide laissé par le départ d’Eleanor avait sans doute été la seule chose qu’il avait mérité – le cri grandiose des conséquences de ses choix à lui. Ou de l’absence de ses choix. Dans des temps de crise, en voyant Serenity crier à ses parents la loyauté qu’elle avait à l’égard de son mari – quitte à risquer la potence pour trahison – Aries n’avait pu se résoudre à la déshonorer, à la bafouer ou à l’abandonner. Quelque part, il avait même souri à la possibilité qu’il restait quelque chose entre eux : quelque chose qu’il avait laissé sur les côtes de Nassau avec sa femme, avant de disparaître à nouveau sous la caresse de l’horizon marin. Alors quel droit avait-il sur les choix d’Eleanor ? Pourquoi ne pouvait-il s’empêcher de ressentir de la rancœur, de la colère à l’égard de la jeune femme ? Etait-ce vraiment pour elle, que ses entrailles exprimaient tant de ressentiments ? Affronter ce qui le taraudait à l’intérieur n’avait jamais été le fort de l’espagnol – du moins, pas depuis qu’il avait tant de choses à affronter. Le deuil de son fils, le deuil de son mariage, celui de son père, celui de son frère. La perte de sa famille, la crainte viscérale de savoir ce qui leur était arrivé. Tant de choses à même d’effacer complètement le visage de l’irlandaise de son esprit : parce que même s’il était revenu plus vite, qu’aurait-il pu promettre à Eleanor ? Son amour sans faille, ce même amour désuet et délicat que Serenity avait jeté sous terre avec le corps de leur fils. Quelque chose s’était brisé entre eux ce jour-là : mais Aries avait, pendant si longtemps, cru que ça avait été quelque chose qui avait été arraché à son âme, que rien n’avait été plus précieux que la chance de ressentir à nouveau en la présence d’Eleanor. Ou en son absence. La douleur de l’avoir avec lui, et de savoir que ces jours idylliques n’étaient pas faits pour durer. La douleur de ne pas l’avoir, et d’imaginer quel pouvait être son quotidien. L’imaginer avec un autre. L’imaginer tomber dans la même nostalgie que sa femme, la même haine à son égard que celle qu’il lisait dans le regard de Serenity dans les rares secondes où leurs yeux se croisaient. L’un pour l’autre, ils avaient été un poison vénéneux, infiltrant dans leurs veines un espoir vain. L’un pour l’autre ils avaient été le plus délicat des vins, l’ivresse de toutes les croyances du monde. En cinq ans, ils avaient tous les deux eu l’occasion de sentir le poids de la vie réelle retomber sur leurs épaules, effacer bien des chimères, et ne laisser dans leur sillage que des spectres d’autrefois.

Aries n’avait ni la volonté, ni le droit de se livrer à la liberté de croire à nouveau : ici, à Nassau, la loi du Tout Puissant qui continuait de vibrer dans ses veines, lui murmurait de rejoindre sa femme, et de s’occuper d’elle plutôt que de poursuivre ce qui avait disparu depuis bien longtemps déjà. Qu’aurait-il pu donner, pour remonter cinq ans en arrière ? Etre encore une fois à Dublin, avec Eleanor et juste Eleanor. Elle ne choisirait pas le même destin que lui, irrémédiablement ; sa vie était meilleure à Nassau, tandis que pour lui, choisir se rapprochait plus de la misère et de la honte que d’une quelconque délivrance. Choisir quoi, au fond ? Plus les secondes passaient, et plus l’espagnol semblait hermétique et sourd aux paroles de la jeune femme face à lui ; sans le dire à haute voix, il était surpris de la voir si prompte à se faire asséner des accusations presque infondées. Lui-même ne cessait de se fustiger pour les mots qui passaient ses lèvres : une part de lui ne pouvait s’empêcher d’admettre qu’elle avait eu raison, qu’il n’aurait jamais pu la délivrer de sa misère comme l’avait fait son frère. C’était pourtant l’autre part, plus égoïste, moins encline à pardonner, qui s’exprimait à haute voix. La part de lui qui avait enduré les débuts de la guerre, les conséquences de celle-ci pour les siens ; celle qui s’était accrochée quelquefois à l’espoir de revoir Eleanor rien qu’une dernière fois. Il avait lutté contre tous les calculs du destin, contre toutes les embuches posées sur son chemin, et pour quoi ? N’avoir poursuivi que du vent, désormais froid tant elle avait fui depuis longtemps. Froid ; c’était ce qu’il avait fini par devenir, préférant la compagnie de putains ou d’une bouteille d’alcool à tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une quelconque démonstration d’affection. Serenity ne semblait qu’être apte à le blâmer pour tous les maux de leur existence. Et entre lui et Eleanor, cela semblait être lui, qui déposait son fardeau sur les épaules de la jeune femme. Egoïste. Mais c’était tout lui ; tout ce qu’il était devenu : plutôt que d’accompagner sa famille jusqu’en Espagne, il avait choisi sa propre voie. Plutôt que de respecter ses vœux de loyauté envers la Marine et en affronter les conséquences, il avait épousé avec bien de l’adaptabilité, une existence de mercenaire. Il avait choisi de demander à Eleanor de l’attendre, plutôt que de l’arracher aux griffes de son Enfer – elle n’avait rien dit, pas protesté, pas supplié qu’il l’emmène. Elle avait accepté ; mais pourtant, la simple idée de l’abandonner dans une telle condition aurait dû lui être insupportable. Curieusement, la politesse de la jeune femme semblait être la pire arme qu’elle ait pu utiliser ; et face à elle, c’est Aries qui se retrouva à baisser le regard. Sans un mot, docile et toute protestation arrachée du fond de sa gorge, l’espagnol suivit la frêle silhouette d’Eleanor jusqu’aux escaliers qui menaient à l’étage. Ici, tout était plutôt calme, bien mieux que des endroits misérables où Aries avait créché selon les occasions – une taverne, un bordel, le bord d’un banc, le pont du Flying Dragon – tant d’endroits crasseux et bruyants qui donnaient à cet endroit une apparence aseptisée. Tout comme le Manoir de son enfance.

La maison qu’il avait partagée avec son épouse ; si grande et si lumineuse, toujours impeccable tant ils avaient eu à leur service, des hommes et des femmes prêts à se plier en quatre pour le moindre de leur désir. Aries avait cru n’avoir jamais passé assez de temps dans cet endroit, cette maison symbolique de sa réussite, son mariage. Pourtant, ici, chaque couloir semblait être un semi-rappel de tout ce qu’il avait laissé derrière lui. Tout ici criait à quel point Serenity avait eu en amour le luxe et la beauté des choses, combien ces choses devaient lui manquer dans un endroit comme Nassau ; à quelques pas d’Eleanor, il se prit encore à songer à son épouse, et à tout ce à quoi elle avait renoncé pour lui. Comme l’irlandaise juste là. Après tout, il aurait été capable de faire de même pour sa femme, à une époque. De même pour Eleanor, encore aujourd’hui, jusqu’à la fin de sa vie – vibrait une voix profonde dans chaque fibre de son corps. Le cœur battant au creux de sa gorge, toute sa colère presque évaporée sous les attentions de la jeune femme, Aries passa la porte de la chambre désignée par son hôtesse. Il l’observa vaguement, avant qu’irrémédiablement, son attention se reporte sur la seule compagnie qu’il avait ce soir ; était-ce un signe ? Tous les éléments qui coïncidaient ? L’absence de Serenity, la présence d’Eleanor, la façon dont les révélations avaient coulé entre eux. Comment pouvait-il penser les choses ainsi ? Il se racla la gorge pour éviter à toute confusion de perdurer, l’air dans ses poumons plus brûlant que jamais. « C’est parfait. » avoua-t-il, son regard se perdant pour une seconde de trop dans le regard clair de celle qui avait été, autrefois, son amante. Autrefois, et pourtant dans une vie si proche, dans ses souvenirs. Juste là, à la surface de sa mémoire. Si facilement atteignable, à chaque fois qu’il fermait les yeux. « Ne t’embêtes pas. S’il te plait. » releva-t-il à nouveau, sans avoir fait le moindre pas pour pénétrer plus avant dans la chambre et laisser Eleanor derrière lui : comme si à chaque fois qu’une opportunité de fuir lui souriait, un instinct lui rappelait l’aspect irréparable de ses actes. Lui murmurait qu’elle ne serait peut-être plus là, une fois qu’il reviendrait à lui, reviendrait à toute vitesse vers elle. Toujours. Levant une main presque inconsciente, il la déposa sur la paume de la blonde, qui lui tendait les clés de sa chambre, l’arme avec laquelle il pourrait la repousser une nouvelle fois. S’il ne voulait. Mais avait-il été un jour capable de savoir ce qu’il voulait, perdu dans l’océan de son regard ? « Je suis désolé pour ce que j’ai dit. Je suppose que… c’est juste la vie. » leur barrerait-elle encore la route, s’ils se laissaient aller à, à nouveau, accepter l’irrémédiable ? L’appel de leurs sens ? Aries y songea un instant, le noir de son regard dessinant les contours des lèvres si fines d’Eleanor ; ses baisers, qui lui avaient si vite manqués. Il pivota sur ses pieds rapidement, ses doigts quittant la chaleur de la main de la jeune femme pour se refermer sur le froid du métal. Fermer la porte ; maintenant. L’ordre était simple, se répétant à l’infini dans son cerveau sans pour autant que ses muscles n’agissent. Finalement : « Maintenant que tu le dis. De quoi manger, me tenterait bien. Tu as dîné ? » sa voix ne l’avait pas trahi sur la fin, son ton ne vibrant que comme s’il parlait de la plus banale des choses. De mémoire, ils n’avaient sans doute jamais partagé un quelconque dîner l’un avec l’autre uniquement ; les circonstances ne s’y étaient pas prêtées. Ni le temps. Ils savaient tous les deux qu’ils avaient beaucoup de rattrapages à faire.
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Eleanor Risley
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MessageSujet: Re: (eleanor), heart rate, sky high. time flies.   (eleanor), heart rate, sky high. time flies. EmptyDim 29 Mar - 23:26

I'm falling around you.
ARIES COSTELLO & ELEANOR RISLEY

Over, I'm so over you. The way that you look In a 3-piece suit. Over, I'm so over you. The way that you held me Like nobody else would. Maybe if I tell myself enough, Maybe if I do I'll get over you. Maybe if I tell myself enough, Maybe if I do. I'll get all over You. Over, I'm so over you. The way that you laugh Made everything that I do. Over, I'm so over you. The way that you said that you'd always be true And maybe if I tell myself enough, Maybe if I do. ~ over you.


Dublin était loin derrière elle à présent. Eleanor s’en était persuadée avec le temps. Elle n’avait rien à regretter, c’était ce qu’elle s’efforçait de croire. Il y avait à Dublin trop de mauvais souvenirs et ceux-là auraient probablement du prendre le pas sur les bons. Pourtant, elle songeait encore à Dublin et à ce que sa vie aurait pu être si elle avait eu le courage de rester encore un peu dans ce bordel, si elle avait eu l’opportunité de pouvoir rester encore un petit peu avant qu’on ne la mette à la rue, peut-être que les choses auraient été différentes. Eleanor ne savait pas, personne ne savait et jamais elle n’aurait de réponse à cette question. Ce qui était fait était fait. Elle n’avait pas le pouvoir de remonter dans le temps pour pouvoir changer les choses, elle pouvait encore penser, rêver, mais ça s’arrêtait là. Dans le monde réel, elle avait perdu Aries et jusqu’à ce qu’il débarque dans l’auberge, rien ne semblait présager qu’elle recroiserait un jour la route de l’espagnol. Maintenant qu’il était là en face d’elle, tout semblait différent, c’était comme si elle avait une chance de pouvoir le retrouver. C’était injuste, égoïste et malhonnête vis-à-vis de son épouse et de tout ce qu’elle avait pu faire pour elle, mais l’envie de retrouver les bras d’Aries était suffisamment forte pour estomper toute la culpabilité dont elle devrait être victime. Depuis qu’elle l’avait revu pour la première fois, il lui arrivait de se dire qu’elle ne devrait pas se laisser aller à toutes ces pensées, qu’elle devrait d’abord penser à Serenity et au soutien qu’elle lui avait apporté pendant tout ce temps. Mais c’était compliqué et maintenant qu’elle était seule face à Aries, Serenity Costello n’était plus qu’un vieux souvenir qu’elle préférait enfouir. Si cette dernière était au courant du lien qui l’avait unie avec son mari, sans doute qu’elle ne lui aurait pas ouvert sa porte comme elle l’avait fait et sans Serenity, elle n’aurait peut-être pas eu d’autres choix que celui de quitter le bordel de Dublin pour celui de Nassau. Hewry aurait trouvé une solution elle en était persuadée. Mais la question ne se posait même pas. Elle travaillait à l’auberge, avec la femme de l’homme qu’elle aimait encore. Les cinq années qui s’étaient écoulées n’avaient rien changé à ses sentiments. Elle était peut-être naïve et stupide, mais il avait été le seul à lui apporté de l’espoir là où tout autour d’elle, elle ne voyait plus que les ténèbres d’une vie n’ayant plus aucun sens. Souvent, elle s’était demandé pourquoi elle avait survécu quand sa famille avait été massacrée si c’était pour être réduite à ça ? Prisonnière d’une existence qui ne lui convenait pas, elle ne vivait plus, elle survivait sans même savoir pourquoi. Mais Aries était entré dans sa vie et il avait été plus qu’un client quelconque rencontré dans le bordel. Il était celui qui l’avait tirée des ténèbres, il lui avait fait des promesses, il lui avait montré que sa vie n’était pas figée et qu’elle pouvait s’en sortir. Ce n’était pas lui qui l’avait sortie de cet enfer, mais il était celui qui lui avait permis d’y croire. Elle lui devait beaucoup, l’oublier avait été impossible, d’autant plus qu’elle savait qu’il était le père de sa fille. Elle avait connu des hommes, avant et après lui, puisque c’était son métier de le satisfaire. Mais elle savait que c’était Aries, il avait été le seul à la réclamer pendant un moment et bien que peu éduquée, elle avait quelques notions en ce qui concernait la conception des enfants. Il était le père de sa fille, il était celui qui l’avait sauvée du désespoir, il était celui qu’elle avait aimé, alors cinq n’était pas suffisant pour l’oublier. Même si elle ne l’avait jamais revu, aurait-elle vraiment pu l’oublier un jour ?

Ne jamais avoir la réponse à cette question lui convenait largement. Elle ne voulait pas ne pas avoir à le revoir. Elle l’aurait vite regretté s’il avait simplement quitté l’auberge avant même d’avoir pu voir la chambre qu’elle lui avait trouvé. Elle ne voulait pas qu’il parte. Elle espérait pouvoir le revoir le lendemain, le jour suivant et celui d’après si cela était possible. Chaque instant passé en sa présence lui rappelait ceux qu’elle avait pu passer au creux de ses bras. Certes, l’entendre lui hurler dessus des reproches qu’elle ne trouvait pas forcément justifiés n’avait rien d’un réel plaisir. Elle n’était pas resté que deux mois après son départ, elle était resté suffisamment longtemps pour que son ventre arrondi commence à poser problème. Elle aurait voulu attendre, mais elle ne pouvait pas et chaque seconde passée dans ce bordel sans lui était un calvaire. Elle ne supportait plus les doigts sales que les hommes pouvaient poser sur elle, elle ne supportait plus de devoir ouvrir les cuisses pour le premier type de la région. Elle ne voulait qu’Aries. Fuir avait été un soulagement pour elle et elle n’avait pas eu le choix. Jamais elle n’aurait voulu le trahir. Mais les choses avaient été compliquées, pour elle comme pour lui et elle était sincèrement navrée de la tournure qu’avait pris leur histoire. Est-ce qu’elle y pouvait quelque chose concrètement ? Elle n’en savait rien, elle n’était qu’à moitié responsable de ce qui avait du les séparer. Il aurait pu continuer à lui crier dessus si ça lui faisait plaisir, le simple fait qu’il soit sans la même pièce qu’elle suffisait à la ravir intérieurement, tellement qu’elle s’en sentait à la fois idiote et ridicule. Le conduire à sa chambre avait été la meilleure chose à faire et s’il l’avait voulu elle se serait pliée en quatre pour répondre à ses exigences. Elle cuisinait déjà pour n’importe qui dans cette auberge, alors elle l’aurait fait aussi pour lui et avec encore plus de bonne volonté qu’à l’accoutumé. Elle voulait qu’il se sente bien ici et qu’il y reste. N’était-il pas mieux ici qu’avec son épouse ? Se surprenait-elle à se demander, le regrettant bien rapidement après. Elle se maudissait pour avoir de telles pensées, mais c’était un plaisir coupable dont elle ne saurait se penser. Tant que Madame Costello ignorait ce qui pouvait se tramer dans ses pensées, où était le mal après tout ? Ce n’était que des pensées et si elle priait en son fort intérieur que ça puisse dépasser ce stade, elle savait qu’il ne fallait pas trop espérer. Son sourire resta figé sur ses lèvres alors que la main d’Aries se posa sur la sienne. Elle posa son regard sur leurs mains et rapidement elle senti le rouge lui monter aux joues. Ce n’était qu’un contact simple et banal et pourtant, la caresse de sa peau contre la sienne la rendait nerveuse et envieuse. Elle releva les yeux vers lui alors qu’il lâchait ses doigts. « La vie nous empêche souvent d’avoir ce qu’on voudrait. » Elle pinça légèrement les lèvres, c’était sans doute cette philosophie qui avait rythmé sa vie depuis son plus jeune âge, née dans une famille pauvre, elle avait toujours su qu’elle n’aurait jamais ce qu’elle voulait. Le temps passant, elle avait compris que la vie devait lui en vouloir d’une façon ou d’une autre pour tout lui arracher. Sa famille, ses espoirs, Aries. Lui prendrait-elle autre chose à présent ? Elle préférait ne pas y penser. La question de l’espagnol la surpris. Personne ici ne prenait vraiment le temps de lui poser ce genre de questions. « Non, je n’ai pas vraiment eu le temps. » Elle l’avait sans doute eu si elle y réfléchissait à deux fois, Aries était le premier client depuis un moment, mais n’ayant pas de bonne raison de quitter le comptoir pour se rendre à la cuisine, l’idée de diner ne s’était pas imposée à elle. Elle avait l’habitude de sauter des repas de toute façon, ce n’était pas rare que les Risley n’aient pas assez d’argent pour offrir à leurs enfants de quoi manger. « Mais je peux aller cuisiner et t’apporter ça, ou tu peux descendre dans la salle à manger, il est tard, il n’y a personne là-bas, c’est calme.» Elle aimait particulièrement quand les lieux étaient calmes, le brouhaha avait tendance à l’agacer, le calme était appréciable. Elle adorait passer du temps sur le sable fin de la plage à l’ouest de l’ile, le silence n’était souvent rompu que par le bruit des vagues et il n’y avait d’après elle, rien de plus apaisant, elle s’y rendait souvent avec Juliet. Un sourire au coin des lèvres, Eleanor attendait la décision de son interlocuteur le fixant pendant quelques secondes avant de détourner le regard, consciente qu’elle devait avoir l’air de le dévisager et que ce n’était pas très poli, mais plonger son regard dans le sien était si appréciable, qu’elle aurait probablement pu passer la nuit entière à ne faire que le fixer.
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Aries Costello
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MessageSujet: Re: (eleanor), heart rate, sky high. time flies.   (eleanor), heart rate, sky high. time flies. EmptyMar 31 Mar - 19:09

everything beautiful brings her to mind

could i be, was i there ? it felt so crystal in the air. i still want to d r o w n, whenever you leave. please teach me gently, how to breathe. and I'll cross o c e a n s, like never before so you can feel the way I feel it too. and I'll mirror images back at you, so you can see the way I feel it too. w/eleanor risley & aries costello.

En embarquant sur le Jolly Mon, presque contre son gré, Aries avait emporté avec lui des images qui n’avaient eu de cesse de tourner dans son esprit. Les souvenirs d’Eleanor avaient alimenté son quotidien pendant un certain temps, alors qu’en fixant l’horizon uniquement dessiné par la mer, il avait imaginé la terre irlandaise qu’ils avaient laissée derrière eux. Dublin. Eleanor, ici, au bord d’une crique à l’attendre – son désir de céder à l’appel lascif du destin l’avait imaginée dans une telle situation, elle, comme un signe de Dieu que tous les deux étaient faits pour être l’un avec l’autre. Malgré les vœux de mariage qu’Aries avait déjà prononcés à l’égard d’une autre femme. Malgré sa candide jeunesse à elle, son expérience à lui ; sans conteste, en quittant le paysage de bord de mer qu’Aries lui avait dépeint dans ses songes, Eleanor avait eu de quoi se construire une toute autre vie que celle qu’elle avait connue jusqu’alors. Elle aurait pu trouver de quoi être heureuse, dans les bras d’un autre homme, à même de lui donner autre chose que des promesses, et une vieille babiole accrochée à son doigt. Déjà lorsqu’ils s’étaient revus, la première fois où le Flying Dragon avait jeté l’ancre dans le port de Nassau, signant irrémédiablement les retrouvailles entre Aries Costello et Eleanor Risley, il l’avait vue. La bague, toujours là sur le doigt de la jeune femme, le bijou et tout ce qu’il représentait les projetant l’un avec l’autre, cinq ans en arrière, sur cette berge de port, sous le soleil levant. Il avait fallu du temps à Aries pour avouer à qui que ce soit que les promesses qu’il avait faites à la jeune blonde au moment de la quitter n’avaient pas été de la poudre aux yeux ; même à Gabriel, l’ami qu’il avait toujours eu pour le soutenir, prononcer ces mots plein de vérités avait été une étape qu’il avait mis bien du temps à franchir. Et pourtant, on lui connaissait une réputation de coureur, de charmeur ; et son frère d’arme lui-même n’avait eu de cesse d’attarder sur lui des regards exaspérés à force de le voir faire les yeux doux à toutes les jolies filles qui croisaient leur chemin. Imperturbable et immuable comme l’océan, Aries Costello avait rencontré ses rochers, en la présence d’Eleanor, celle sur qui toutes ses assurances avaient éclaté en mille morceaux : inlassablement, il n’avait fait que croire que les prostituées représentaient un moyen naturel de combler l’absence d’affection entre sa femme et lui. Eleanor avait été la première à le faire s’interroger sur la survivance de ces sentiments amoureux qu’ils s’étaient toujours promis d’avoir, Serenity et lui. Son épouse l’aimait-elle encore ? Avec le temps, l’espagnol s’était acclimaté à l’idée qu’elle ne pouvait pas le détester autant, si une part d’elle ne l’aimait pas encore. Mais l’aimait-il encore, lui ? Tout ce qu’il voyait en l’observant, c’était la force avec laquelle elle l’accablait alors même que sa propre conscience était pire tortionnaire que tous les regards d’étrangers. Ou la façon dont tous leurs beaux souvenirs n’étaient que baignés d’amertume désormais. Comment pourraient-ils revenir à ce qu’ils avaient été, en un autre temps ? Ils avaient été si jeunes, si stupides quand ils s’étaient mariés, si dénués de toute expérience dans la vie – maintenant qu’ils étaient pleinement adultes, conscients des aléas d’une existence pleine de noirceur, seraient-ils seulement capables de retrouver ce qu’ils avaient eu ?

Eleanor avait allégé sa conscience, privant son âme de ce qu’il avait cru être des questionnements fondamentaux aux années restantes de sa vie. Retrouver Serenity lui avait semblé être, pendant longtemps, une des quêtes de son existence, quand bien même tous ses efforts avaient toujours été réduits à néant par les refus de la jeune femme. L’irlandaise lui avait fait changer de direction, le guidant vers des eaux plus calmes, dénuées de bien des tortures qu’il s’était imposées pendant cinq longues années. Enfermée dans leur maison à Londres, plongée dans la tristesse et la nostalgie d’autrefois, Serenity était tout aussi responsable de leur malheur que lui ; encore et encore, elle se plaisait à rappeler à son époux tous les aléas de leur existence. Au combien leur mariage avait fini par les blesser ; tout ça parce qu’une quelconque autorité supérieure en avait décidé ainsi. Etait-ce Aries qui avait étouffé leur fils dans la nuit ? Etait-ce forcément leurs vœux au Bon Dieu qui avait condamné leur enfant ?! Costello avait fini par ressentir les mêmes relents d’amertume à l’égard de sa femme que ceux qu’elle affichait pleinement pour lui – égoïstement, Serenity ne semblait jamais s’être proprement interrogée sur au combien la perte de leur enfant avait pu affecter son époux. Si elle l’avait fait, jamais elle ne l’avait montré au grand jour. Peut-être en était-elle arrivée à la conclusion qu’il s’en fichait, qu’il préférait leur vie ainsi – des spéculations qui n’étaient qu’erreur et elle l’aurait su bien assez tôt si un jour dans leur vie malheureuse, ils avaient pris le temps de s’égosiller dans un face à face échevelé. La façon dont Eleanor l’avait guéri – sauvé dans une certaine mesure – il ne saurait mettre de nom dessus, de mot digne de qualifier tout ce qu’il ressentait. Ça avait été rapide, discret et aussi grandiose qu’un Pardon accordé par le Tout Puissant lui-même. Curieux, somme toute, puisque leur liaison avait tout pour être condamnée par l’Eglise elle-même. Puisqu’elle s’était présentée, au premier abord, comme une prostituée comme les autres, désirant simplement être payée et oublier Aries dans le flot de ses clients habituels. Sans doute qu’aujourd’hui encore, nul ne saurait dire à quel moment leur relation avait basculé, d’un rapport de client à prostituée à celui de deux amants, deux cœur se poursuivant irrésistiblement l’un l’autre. A quel moment leur relation somme toute banale était devenue celle digne d’une tragédie qui ne connaîtrait jamais de fin heureuse ? Aries avait été irrémédiablement rappelé par ses devoirs, ceux-là même exigés par une Marine dont il n’avait eu cure, déjà à l’époque. Tourner le dos à ses obligations de soldat et rester à Dublin avec Eleanor aurait pu être une chose bien facile. On aurait fini par croire, à Londres, qu’il avait été englouti par les flots des océans, et on n’aurait plus jamais parlé de lui. Serenity serait restée à Londres, baignée dans l’honneur et le renom de sa famille à elle. Et les siens… les siens auraient tous fini tués au bout d’une corde. Egoïste ou non, Aries oscillait sans cesse être ce statut et celui d’un altruiste qui n’avait que trop donné à la vie. A un pays qui s’était retourné contre lui. A une femme qui le détestait. A une famille qui était désormais portée disparue. Qu’avait-il accompli ?

Même le Salut d’Eleanor ; ce n’était pas grâce à lui qu’elle l’avait obtenu. Lui, il n’avait fait que la laisser mariner dans un Dublin répugnant où elle n’avait toujours connu que misère et malheur. Des quelques éclats du passé de la jeune femme dont il avait eu un aperçu, Aries avait eu tout le loisir de comprendre qu’ils venaient tous les deux de milieux bien différents : quand il avait connu la jeunesse dorée d’un fils de famille noble, Eleanor, elle, avait dû faire face à toute l’injustice de cette vaste planète. La vie nous empêche souvent d’avoir ce qu’on voudrait. Une philosophie qu’ils se trimbalaient tous les deux ; Aries sans doute hanté de plus d’amertume que la jeune femme qui se trouvait face à lui – car après tout, s’il connaissait le mauvais côté de la vie à présent, plus jeune il avait volontiers cru qu’il pourrait avoir tout ce qu’il désirait en ce bas monde. Tant qu’il restait fidèle à ses valeurs. Sa famille, son Empire. Sa femme. A tous il avait tourné le dos, alors sans doute qu’il ne méritait guère mieux. En choisissant de faire fi de tout ce qui l’accablait, des questionnements qui continuaient de le tarauder et des nouvelles salves de reproches injustifiés qui menaçaient de quitter ses lèvres, Aries se redressa sur lui-même, déroulant ses épaules voutées sous le regard d’Eleanor. En lui faisant dos, le regard fixé ici et là sur le décor sobre de la chambre qui serait son refuge ce soir, Aries sentit tout son être se ragaillardir ; dans un geste, il tira sur le lourd tissu de sa veste, la faisant retomber sur le lit devant lui. Un soupir passa ses lèvres, comme une confession faite à qui pourrait la saisir que cet instant n’était pas celui qu’il avait espéré dans ses rêves les plus fous. Combien des scénarii différents avait-il construits dans sa tête pour illustrer ses retrouvailles avec Eleanor ? Des centaines, des milliers sans doute. La plupart d’entre eux le désignant comme le héros de la jeune femme, celui qui la délivrerait de sa prison crasseuse. Pas comme son bourreau. « Je te rejoindrai. » répondit-il simplement à l’offre de la jeune femme, après de longues secondes de flottement qu’il n’avait presque pas vues passer. La sentence put paraître sans appel pour Eleanor ; et égoïstement, Aries ne regretta pas la phrase qui venait de passer ses lèvres : le désir d’être seul pour une seconde au moins l’avait submergé de part en part. Être ici, avec Eleanor, s’avérait finalement plus compliqué que tout ce qu’il avait pu connaître dans sa vie : il avait tant idéalisé leurs retrouvailles qu’il n’avait sans doute pas été préparé à ce qu’elles soient si chaotiques, le déchirant intérieurement entre culpabilité et colère, tant de sentiments qu’il n’aurait jamais voulu ressentir en regardant la jeune femme. Celle qui l’avait tant délivré de ses maux. Celle qui l’en affligeait de bien pire encore désormais. En entendant les pas d’Eleanor, significatifs qu’elle avait abdiqué et qu’elle l’avait laissé, Aries soupira à nouveau. Une plus profonde goulée, qui laissa sa gorge se serrer sous le manque d’air. Combien de temps avait-il pour s’armer à nouveau d’une contenance digne de ce nom ? Combien de temps s’était-il écoulé, depuis que son hôtesse l’avait laissé seul avec lui-même ? Toujours aussi seul ; à croire qu’il avait fini par s’acclimater à cette condition, quitte à repousser tous ceux qui pouvaient l’en sortir.

De ses mains tâtonnantes, Aries trouva la boucle de la lourde ceinture sur laquelle était accrochée toutes ses armes ; son épée, un pistolet, un poignard, tant de ressources à même de lui sauver la vie, mais qui semblait être aussi lourdes qu’une ancre retenant tout son corps. A terre, la substance même de celui qu’il était s’avérait plus pesante qu’en mer, lorsqu’il était simplement porté par le Flying Dragon, et ses voiles grandes ouvertes sur un vent clément. Ici, ni voiles ni vent ne l’emporterait loin de cette situation, et maintenant qu’il avait poussé la jeune femme à bousculer sa tranquillité pour le nourrir, il ne pouvait décemment pas s’échapper. Si l’honneur n’était plus une notion dont il usait dans sa vie de tous les jours en tant que pirate, il tenait encore à se raccrocher à celui-ci lorsqu’il était question d’Eleanor. Ou lorsqu’il essayait de rattraper les choses, alors même qu’il avait mis les deux pieds dans le plat, fonçant dans une situation désastreuse une poignée de minutes plus tôt. Ses effets laissés derrière lui, Aries finit par abdiquer, enserrant la clé de la chambre entre ses doigts, il referma la porte derrière lui ; le calme de l’auberge le portait à croire que personne n’entrerait dans la pièce pour tenter de lui voler ses affaires – quand bien même, toute personne agissant ainsi se frotterait à de sévères répercutions. Ces préoccupations lui parurent on ne peut plus superficielles, compte tenu de la situation dans laquelle il se trouvait embourbé déjà ; seul, il refit le chemin dans l’autre sens, ses pas le ramenant jusqu’à l’entrée où Eleanor et lui s’étaient faits face il y a peu. Il n’eut qu’à suivre les quelques bruits d’agitation perturbant le silence des lieux pour retrouver la blonde, afférée à lui préparer ce qui pourrait ressembler à un festin. Depuis qu’il était pirate sur le Flying Dragon, Aries s’était habitué aux repas sur le pouce et parfois peu ragoûtants ; les efforts d’Eleanor ne manquèrent pas de décrocher son attention, quand bien même son entrée resta silencieuse pour de longues secondes. Ici aussi, la pièce regorgeait d’indices à même de rappeler Serenity à Aries ; sans le vouloir, sa femme lui offrait un sentiment confortable d’appartenance, de retour aux sources. Plus rien n’était voué à être comme avant et jamais plus Aries Costello ne remettrait les pieds à Londres en homme libre et respecté, mais l’introspection ne manqua pas de réveiller quelque nostalgie en lui. « Je croyais t’avoir dit de ne pas t’embêter. » releva-t-il en tentant de ravaler le brin de reproche qui perça dans sa voix ; pour ponctuer ses mots, tout ce qu’il laissa glisser sur son visage fut un rictus ironique, en l’observant faire. Et à nouveau, inconsciemment presque, le regard d’Aries s’ancra sur la bague qu’elle avait encore au doigt. Dublin et son port. Aries et Eleanor, cinq ans plus jeunes, si naïfs. Déjà destinés à se perdre. Il déglutit non sans difficulté, fuyant cette vision tout autant qu’il en était déjà affamé. Force était de constater qu’Eleanor semblait avoir trouvé une vie confortable ici, bien préférable à tout ce qu’elle avait connu dans sa jeune vie. Bien préférable à tout ce qu’Aries aurait pu lui offrir, si elle était bel et bien restée pour l’attendre. Que seraient-ils devenus, avec le temps ? Sans doute l’aurait-il laissée ici aussi, à Nassau. Il ne savait pas ; l’occasion d’y songer plus d’une seconde ne s’était jamais présentée, de toute manière. « Tu sembles… avoir trouvé tout ce que tu voulais, ici. » marmonna-t-il en laissant planer entre eux le maximum de distance possible ; et le regard d’Aries, quand bien même désireux de l’observer encore et encore, fuyait à nouveau. C’était moins une affirmation qu’une question masquée, un désir de savoir ce qu’elle était devenue sans vraiment avoir la sagesse de le formuler.
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